A l’occasion d’un conseil d’administration extraordinaire qui s’est tenu le 5 novembre dernier à Libreville, l’équipe dirigeante de la filiale RD congolaise du groupe BGFI a été entièrement renouvelée. Exit donc Francis Selemani et ses proches, associés à de nombreux scandales qui ont sensiblement terni l’image du groupe.
Le renouvellement se voulait symboliquement fort. C’est une femme qui a été choisie pour l’incarner. Le 5 novembre dernier, à l’occasion d’un conseil d’administration de la filiale du groupe BGFI Bank en RDC qui s’est tenu – fait notable – à Libreville au Gabon, c’est Marlène Ngoyi Mvidia qui a été désignée administrateur directeur général (ADG). Benito Furume, lui, a été nommé directeur général adjoint (DGA).
A travers ces nominations, le groupe piloté par l’inamovible Henri-Claude Oyima a tourné la page des années Selemani, catastrophiques pour le groupe. Ces dernières années, les scandales se sont multipliés (Lumumba Papers, financement du groupe terroriste Hezbollah, indemnités indues, nombreuses malversations…) sous fond d’accointance avec le pouvoir politique. Francis Selemani qui a été durant 9 ans directeur général de BGFI RDC est en effet un ami d’enfance de Joseph Kabila. Il se présente d’ailleurs souvent comme son « frère ».
Mais ces derniers mois, face à la multiplication des scandales, la pression était devenue intenable (lire notre précédent article à ce sujet, ainsi que l’interview du lanceur d’alerte, Jean-Jacques Lumumba). Francis Selemani avait été écarté début mai dernier du poste de DG mais il continuait en sous main à tirer les ficelles du groupe, empêchant notamment la nomination de son successeur afin de conserver son influence et, probablement, de défendre ses intérêts et ceux de la famille Kabila. Finalement, le très madré Henri-Claude Oyima, banquier expérimenté et respecté dans la profession, qui a très tôt pris conscience du problème « Selemani », aura eu le dernier mot.
Pour la nouvelle DG, Marlène Ngoyi Mvidia, la tâche sera lourde : faire oublier ces années maudites qui ont vu le groupe perdre des parts de marché dans le plus vaste pays d’Afrique francophone. Présente dans le groupe depuis cinq ans, celle-ci a successivement occupé les fonctions de directeur général de BGFI Investment Banking, la banque d’investissements du Groupe BGFBank, puis de directeur général délégué de BGFIBank Europe, poste qu’elle occupait il y a encore quelques jours avant de rejoindre la tête de BGFIBank RDC
« Je suis ravie de l’opportunité qui m’est donnée de diriger BGFIBank RDC et d’écrire une nouvelle page dans sa prochaine phase de développement », s’est réjouie Marlène Ngoyi Mvidia dans un communiqué que le groupe vient de diffuser. Elle n’est probablement pas la seule. Nombreux étaient en effet ceux qui, dans le pays, espéraient qu’il soit mis un terme aux relations incestueuses entre l’un des plus grands groupes bancaires d’Afrique centrale et le clan de Joseph Kabila.