Hier après-midi, quelques dizaines de « combattants » de l’UDPS se sont réunis devant la résidence de l’Evêque de Kinshasa, scandant des slogans hostiles et proférant même des menaces. Certains sont même allés jusqu’à lancer des pierres en direction de la résidence épiscopale. Ils entendaient protester contre l’attitude de l’Eglise catholique qui refuse de se laisser forcer la main par l’entourage de Félix Tshisekedi dans la désignation du président de la CENI.
Hier après-midi, dimanche 1er août, quelques dizaines de combattants de l’UDPS comme ils se dénomment, les militants les plus fanatiques du parti de Félix Tshisekedi, se sont réunis devant la résidence du Cardinal de Kinshasa et représentant du Vatican en RDC, Mgr Fridolin Ambongo.
Ils entendaient protester contre la position de l’Eglise catholique dans le cadre du processus de désignation du président de la CENI (lire notre article), mais aussi vis-à-vis du projet de loi Tshiani qui vise à écarter de la course à l’élection présidentielle celui de ses concurrents que M. Tshisekedi considère comme le plus « gênant » dans sa quête d’un second mandat : Moïse Katumbi (cf. les déclarations de Mgr Ambongo à Lubumbashi le 10 juillet 2021).
L’incident a eu lieu au lendemain des déclarations « incendiaires » du secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, un intime de Félix Tshisekedi, à l’endroit de Mgr Ambongo et de la CENCO, accusés de « politiser l’Eglise » au motif que celle-ci refuse d’entériner la candidature d’un proche du chef de l’Etat à la présidence de la CENI.
Lors de cette protestation, qui a duré quelques minutes, le temps de faire des vidéos à l’usage des réseaux sociaux, avant d’être dispersée par les forces de l’ordre, des slogans hostiles à l’Evêque de Kinshasa et à l’Eglise catholiques. Des jets de pierre ont également été constatés. « On a eu très peur », témoigne avec pudeur l’un des personnels de maison.
Cette protestation, qui n’avait rien de pacifique, est loin d’être un cas isolé. Elle s’inscrit dans un contexte plus général de vives tensions entre les partisans du pouvoir et l’Eglise catholique qui n’entend pas laisser le pouvoir à nouveau manipuler le processus électoral, une habitude tenace en RDC.
Ces derniers temps au Kasaï Oriental, les paroisses catholiques du diocèse de Mbuji-Mayi, fief électoral de M. Tshisekedi, ont été prises pour cible à de nombreuses reprises. 14 églises, dont 7 à Mbuji-Mayi et ses environs, ainsi que d’autres à Ngandajika ont été victimes de méfaits en l’espace de deux mois seulement.
Une situation dénoncée par l’Évêque du Diocèse de Mbuji-Mayi dans son message daté du 26 juillet dernier. « Depuis le mois d’avril jusqu’à ce jour, notre diocèse vit des graves abominations. Une profanation progressive et systématique porte sur nos paroisses, grottes, et sanctuaires mariaux et autres lieux des cultes », écrit Mgr Bernard-Emmanuel Kasanda.
Jusqu’où cela va-t-il aller ? Nul ne le sait. Car jamais, ni sous Mobutu ni sous Kabila, la RDC n’avait connu pareils incidents.