Après seize longs et pénibles mois d’absence, Salomon Kalonda est rentré ce mardi 3 septembre dans son fief du Haut-Katanga, accueilli par une foule que peu d’hommes politiques sont capables de mobiliser. Brutalement arrêté et emprisonné fin mai 2023, celui qui s’est fait élire haut-la-main sénateur dans le Haut-Katanga en avril dernier aura cruellement manqué à Moïse Katumbi durant la campagne pour l’élection présidentielle.
Ces deux dernières années, Salomon Kalonda a pris de l’épaisseur politique. Beaucoup même. Ses prises de parole sont scrutées ; et chacun de ses déplacements est suivi avec intérêt.
Début juin déjà, son entrée au Sénat n’était pas passée inaperçue. « SK » comme le surnomme ses proches y avait été accueilli en grande pompe, sous les clameurs de la foule et au son de la fanfare, loin de l’anonymat dans lequel sont plongés la plupart de ses collègues.
Rebelote aujourd’hui. Vers 10h00, l’avion dans lequel il avait embarqué deux heures et demie plus tôt à N’djili foulait le tarmac de l’aéroport international de Luano.
Une fois débarqué, Salomon Kalonda a été accueilli par une foule de partisans que peu d’hommes politiques sont capables de mobiliser dans le Haut-Katanga.
C’est la première fois depuis seize mois que ce stratège politique hors-pair retourné dans sa province d’adoption elle où il a fait toute sa carrière et où il s’est fait élire haut-la-main sénateur avec 11 voix (seul Sama Lukonde a fait mieux avec 13 voix).
Il aura fallu près de quatre bonnes heures à ce cortège bigarré et joyeux pour rejoindre le siège d’Ensemble, sa formation politique, à Lubumbashi sur l’avenue Kamanyola.
C’est là, juché sur le toit d’un véhicule, que Salomon Kalonda s’est adressé à ses partisans. « Je suis revenu dans la maison du père », a-t-il lancé en référence à Moïse Katumbi, sous les applaudissements nourris d’une foule toute acquise, qu’il a qualifié de « modèle à suivre ».
« Nous devons leur pardonner pour tout ce qu’ils ont fait. J’ai dit que je plaçais mon mandat de sénateur sur la paix, la réconciliation et l’unité (…) Notre pays a besoin de cohésion », a-t-il insisté. Allusion faite à son arrestation, politiquement motivée, le 30 mai 2023 et à sa détention dans les cachots de la prison militaire de Ndolo qui aura privé Moïse Katumbi de son meilleur élément durant la campagne pour l’élection présidentielle.
Une épreuve dont M. Kalonda n’est pas ressorti indemne. En prison, celui qui est souvent comparé à Augustin Katumba Mwanke en raison de ses talents de stratège a vu son état de santé gravement se dégrader au point qu’il a dû subir une intervention chirurgicale lourde en avril dernier en Belgique, faute de plateau technique disponible en RDC.
Quatre mois plus tard, en août, Salomon Kalonda a échoué de justesse à se faire élire au Bureau du Sénat. Le poste de rapporteur adjoint, théoriquement réservé à l’opposition, a été attribué sur le fil par les sénateurs de l’Union sacrée, archi-majoritaires au sein de la Chambre Haute, à Jean-Claude Baende, un « opposant » de circonstance comme le pouvoir sait en fabriquer en RDC.
« C’est un mal pour un bien », confie un ancien ministre provincial qui le connaît bien. « Salomon est à l’évidence trop travailleur et trop intègre aux yeux de certains. Le poste était de toute façon sous-calibré pour lui. Il est taillé pour beaucoup plus ».
En attendant la suite, nul doute qu’aujourd’hui à Lubumbashi, c’était bien Salomon (Kalonda) le Roi.