Les deux poids lourds de l’opposition RD congolaise se sont rencontrés samedi 7 décembre à Genval en Belgique, à l’endroit même où en 2016 Etienne Tshisekedi avait lancé le rassemblement de l’opposition (Rasop) pour faire échec à un troisième mandat du président d’alors, Joseph Kabila. Ironie du sort, ce dernier pourrait bientôt les rejoindre pour barrer la route au fils d’Etienne Tshisekedi, Félix, qui lui a succédé et entend à son tour modifier la Constitution afin de se maintenir au pouvoir.
Tout un symbole. C’est à Genval que Martin Fayulu et Moïse Katumbi se sont retrouvés ce samedi 7 décembre 2024. A l’endroit même où huit ans plus tôt, en 2016, Etienne Tshisekedi avait lancé le Rasop pour s’opposer aux velléités du président d’alors, Joseph Kabila, de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir.
Dans une ruse comme seule l’Histoire en a le secret, c’est son fils, Félix Tshisekedi, qui caresse désormais le même rêve avec le même objectif. Après avoir accédé au pouvoir sans avoir été élu grâce à un accord avec son prédécesseur, Joseph Kabila, en 2019, et l’avoir conservé suite à une mascarade électorale en décembre 2023 (avec des machines à voter retrouvées par centaines aux domiciles des personnalités de la majorité), M. Tshisekedi cherche à changer ou réviser la Constitution qui lui impose de quitter le pouvoir en janvier 2029. Dans cette manœuvre, il pourrait être épaulé par la Cour constitutionnelle, appelée le moment venu à interpréter en sa faveur les modifications constitutionnelles et l’autoriser à briguer de nouveaux mandats.
En attendant, en RDC, pays qui ne semble plus être gouverné, la situation sécuritaire à l’est s’aggrave, les rebelles du M23 poursuivant leur avancée avec le soutien de leur parrain rwandais, à tel point que Félix Tshisekedi n’a désormais plus le choix que de discuter avec Paul Kagame, alors même qu’il avait juré de ne jamais le faire. La situation socio-économique est tout aussi inquiétante, le président et son entourage semblant plus préoccupés par la conservation du pouvoir et la jouissance des avantages qui lui sont rattachés que par l’amélioration du sort de la population, largement livrée à elle-même. La situation politique est, elle, tout aussi catastrophique. Les services de renseignements et la justice sont bien plus occupés à faire la chasse aux opposants, dont beaucoup sont en prison ou en exil, qu’à remplir leur mission républicaine.
La rencontre de ce samedi entre Martin Fayulu et Moïse Katumbi ne devrait être qu’un début. D’autres personnalités pourraient rapidement les rejoindre. Parmi elles, Joseph Kabila Kabange. Félix Tshisekedi qui pensait jouer sur du velours avec son changement de Constitution aura désormais du fil à retordre.