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RDC : Les Etats-Unis n’excluent plus de sanctionner directement Joseph Kabila

Le sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires africaines, Tibor Nagy © DR

C’est ce qu’a laissé sous-entendre le sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines, Tibor Peter Nagy Jr., mercredi 6 mars dans une interview à la chaîne de télévision France 24 (en anglais). 

Peu à peu, l’étau se resserre sur Joseph Kabila. Le 22 février dernier, plusieurs de ses proches avaient été sanctionnés par l’administration américaine pour des faits de « corruption » en lien avec le processus électoral (lire notre article à ce sujet).

Il s’agit notamment du président de la CENI, Corneille Naanga, de celui de la Cour constitutionnelle, Benoît Lwamba, et de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku. Tous sont désormais sous le coup de restrictions de visas. D’autres personnalités, dont les noms n’ont pas été rendus publics à ce stade, faisant eux aussi partie du cercle proche de Joseph Kabila, ont également été sanctionnés à cette occasion.

« Ces sanctions ne sont pas les dernières », a prévenu le sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines, Tibor Nagy, mercredi 6 mars dans une interview à la chaîne de télévision France 24 (en anglais). Si ce haut-responsable de l’administration Trump a rappelé la reconnaissance par son pays de la désignation de Félix Tshisekedi à la présidence en RDC, il a néanmoins souligné que le processus électoral qui a permis à M. Tshisekedi de décrocher la magistrature suprême avait été, du point de vue américain, émaillé de faits de « corruption », autrement dit de «fraudes ».

Cependant, si les Etats-Unis sont aujourd’hui prêts à travailler avec M. Tshisekedi, même si celui-ci  – ils le savent – n’est pas le vainqueur des urnes, c’est à la condition qu’un changement réel et effectif advienne. D’où de prochaines salves de sanctions qui cette fois-ci, comme ne l’a pas exclu Tibor Nagy sur le plateau de France 24 lorsque la question lui a été posée – pourrait directement toucher M. Kabila et sa famille.

« L’hypothèse fait son chemin. C’est, de toute façon, dans la logique des choses », nous ont indiqués plusieurs sources au sein de l’administration américaine. Selon elles, d’une part, « les proches de M. Kabila ont déjà été sanctionnés. Il est donc normal que ces sanctions finissent par le viser, lui et sa famille proche, directement ». D’autre part, « il est clair pour les Etats-Unis que le responsable numéro un de la fraude lors des élections du 30 décembre n’est autre que M. Kabila. Il en est le commanditaire et le principal bénéficiaire»

Mais ces sanctions sont aussi, pour les Etats-Unis, un moyen de mettre la pression sur Félix Tshisekedi. Si celui-ci veut pouvoir compter sur le soutien des Etats-Unis, il devra s’émanciper de la tutelle encombrante de l’ex-président qui, aujourd’hui encore, continue à tirer les ficelles du pouvoir en RDC.

Entre le marteau (américain) et l’enclume (Kabila), M. Tshisekedi va donc devoir trancher… à ses risques et périls. En effet, comme le rappelait fort justement le Cardinal de Retz, « on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment ».