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RDC : Pour la première fois depuis sa brutale arrestation, Salomon Kalonda Della s’exprime

Salomon Kalonda allongé sur son lit d'hôpital à Bruxelles. Le bras droit de Moïse Katumbi est considéré en RDC comme le meilleur stratège politique de sa génération © DR

Après dix mois de détention qui a vu son état de santé se dégrader fortement, Salomon Kalonda Della a bénéficié le 27 mars dernier d’une mise en liberté provisoire. Une décision qui lui a permis de se rendre en Belgique pour se faire opérer. Interpellé le 30 mai 2023 à l’aéroport de Ndjili/Kinshasa, celui qui est réputé pour sa finesse stratégique et sa capacité d’organisation aura cruellement manqué à Moïse Katumbi, dont il est le bras droit, durant la campagne pour l’élection présidentielle.

Opéré il y a quelques jours dans un établissement à Bruxelles, où il est arrivé le 30 mars après avoir bénéficié trois jours plus tôt d’une liberté provisoire accordée par le tribunal militaire, Salomon Kalonda Della a pris la parole pour la première fois depuis près d’un an via un long tweet sur son compte X (ex-Twitter).

« Après dix mois d’une éprouvante captivité qui a provoqué une forte dégradation de mon état de santé, la liberté provisoire qui m’a été accordée a permis mon évacuation sanitaire en Belgique où j’ai été opéré il y a quelques jours avec succès », a expliqué M. Kalonda.

Salomon Kalonda Della avait été brutalement arrêté le 30 mai dernier sur le tarmac de l’aéroport de Ndjili/Kinshasa pour port d’arme prohibé (une accusation rapidement démontée), puis pour « atteinte à la sureté de l’Etat » ou encore « incitation des militaires à commettre des actes contraires à leur devoir et discipline » avant d’être expédié à la prison de Ndolo, puis d’être admis dans une clinique de Kinshasa.

Ses avocats n’ont eu de cesse, depuis le premier jour, de pointer du doigt l’absence de preuves matérielles et de témoignages dignes de foi à l’appui de ces accusations. Pour beaucoup, l’arrestation de M. Kalonda Della, connu pour ses talents de stratège et d’organisateur, particulièrement rares dans le milieu politique RD Congolais où l’entropie règne en maître, a été motivée par des raisons purement politiques.

Déstabiliser la campagne de Moïse Katumbi

Menée par les tristement célèbres Renseignements militaires (ex-Demiap) dirigés par le sulfureux général Christian Ndaywel (dont le nom est cité dans l’assassinat de Chérubin Okende), cette arrestation a grandement affaibli le dispositif de campagne de l’opposant Moïse Katumbi, candidat à l’élection présidentielle de 2023. L’absence de M. Kalonda s’est particulièrement faite ressentir durant l’après-scrutin, mal géré par Ensemble pour la République.

Depuis sa prison, malgré l’impossibilité de faire campagne sur le terrain et la fraude très élevée dont ont bénéficié les candidats du pouvoir, Salomon Kalonda s’est fait élire haut-la-main en décembre dernier député provincial de Kindu, dans le Maniema d’où il est originaire. « Salomon est le meilleur élu de toute la province du Maniema, celui qui de loin a obtenu le plus de voix sur son nom en dépit de l’organisation chaotique du scrutin qui a favorisé les candidats de la majorité. Il est ici très populaire », explique un responsable de la société civile du Maniema.

En vertu de l’arrêt rendu fin mars par la Cour militaire, le procès de M. Kalonda, qui ressemble à s’y méprendre aux « procès de Moscou », devrait reprendre au fond le 3 juillet prochain à Kinshasa.