Pour les dirigeants du Mouvement de Libération du Congo, le nouveau président RD congolais ne dispose ni de la volonté ni des marges de manœuvre suffisantes pour s’émanciper de son imposant allié, Joseph Kabila.
Débauchage à tout va. Alors que la composition du futur gouvernement fait l’objet d’une âpre discussion entre le FCC et CACH, Félix Tshisekedi tente de tirer partie de la situation pour élargir sa base de soutien (lire notre précédent article).
Une stratégie qui passe par des tentatives de débauchage de personnalités de l’opposition. Les noms de Jean-Claude Muyambo, Delly Sesanga, Claudel Lubaya ou encore d’Antipas Mbusa Nymawisi sont régulièrement évoqués comme potentiels ministrables.
Ces velléités de débauchage n’épargnerait pas le MLC de Jean-Pierre Bemba. Mais dans tous les cas, prévient-on dans ses rangs, « il ne faut pas confondre ces tentatives de débauchage individuel avec un quelconque changement de ligne du parti qui n’est nullement à l’ordre du jour ».
« Ceux qui iront à la soupe, à la recherche de postes et de l’argent, seront aussitôt renvoyés du MLC », prévient un haut-cadre du parti, contacté par téléphone depuis Mbandaka, le fief de M. Bemba.
Au MLC, on se défend donc de tout rapprochement avec Félix Tshisekedi. « Il en est hors de question. M. Tshisekedi ne dispose pas des marges de manœuvre suffisantes pour s’émanciper de Joseph Kabila, qui reste le vrai maître du pays. Et personnellement, quand bien même il les aurait, je doute qu’il en ait la volonté », confie une intime de Jean-Pierre Bemba.
Des propos qui corroborent les déclarations publiques faites ce dimanche sur RFI par Eve Bazaiba, la secrétaire générale du MLC. « Certes, la présidence a changé de main, mais en RDC, nous sommes en train de vivre la continuité du pouvoir de Joseph Kabila. Le système et le mode opératoire sont demeurés les mêmes », a-t-elle déclaré sur le ton engagé qu’on lui connait dansLe débat africain, l’émission d’Alain Foka (à écouter ici).
Et Ève Bazaiba de poursuivre : « les petits gestes que vous voyez comme le retour des exilés ou la libération des prisonniers politiques, qui demeurent des actes isolés, c’est un gage donné à la communauté internationale et à l’opinion publique pour les endormir. Celui qui tient les commandes du pays, c’est Joseph Kabila », fait-elle observer, qualifiant au passage Félix Tshisekedi de « président de fait (…) sans aucune légitimité » et « qui doit tout à Joseph Kabila qui l’a nommé ».
Loin de vouloir se rapprocher de Félix Tshisekedi, le MLC compte solidifier son alliance avec les principales figures de l’opposition, à commencer par Moïse Katumbi et Martin Fayulu. « Nous sommes dans l’opposition et nous le resterons tant que, dans ce pays, c’est Joseph Kabila qui continuera à tirer les ficelles », averti un autre proche de Jean-Pierre Bemba, présent à ses côtés en Europe et qui prévoit de rentrer avec lui au pays le 23 juin prochain.