Gabriel Kyungu, un ex-proche de Moïse Katumbi, a été nommé hier président du conseil d’administration de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). Une nomination éminemment politique.
Gabriel Kyungu n’a sans doute pas le profil idéal. Peu importe, ce lundi 3 mars, par ordonnance présidentielle, le leader de l’UNAFEC, considéré comme l’un des hommes forts du Katanga, a été nommé PCA de la SNCC pour tenter de redresser cette entreprise publique totalement moribonde.
C’est Félix Tshisekedi qui l’a proposé à ce poste. En échange, le président a accepté la reconduction du très kabiliste et controversé Albert Yuma à la tête de la Gécamines dans ce qui ressemble fort à un exercice de partage du gâteau.
Dans l’esprit de Félix Tshisekedi, Gabriel Kyungu constitue une prise de guerre. Ce Katangais était jusqu’à présent un fervent soutien de Moïse Katumbi, considéré comme la menace numéro un par le duo Kabila – Tshisekedi. En s’attirant les bonnes grâces de Kyungu, les deux dirigeants RD congolais espèrent donc affaiblir l’ex-gouverneur du Katanga.
Mais cette stratégie de débauchage au sein de l’opposition, qui ira bien au-delà des seuls proches de M. Katumbi, ne s’arrête pas, loin s’en faut, à Gabriel Kyungu. Elle sera également mise en oeuvre à l’occasion de la nomination des membres du gouvernement, désormais imminente.
Parmi les personnalités citées, les noms de Jean-Claude Muyambo, Delly Sesanga ou Claudel Lubaya reviennent régulièrement comme potentiels ministrables.
Mais la plus grosse prise serait sans doute celle constituée par Antipas Mbusa Nyamwisi. Aperçu à Pretoria au moment où Félix s’y trouvait pour l’investiture de Cyril Ramaphosa et arrivé à Kinshasa la veille des obsèques nationales d’Etienne Tshisekedi, le leader de la communauté Nandé dans le Nord-Kivu est actuellement fortement dragué par le nouveau président qui verrait en lui un soutien puissant dans cette région où il est dépourvu d’allié.
Reste un obstacle de taille à surmonter. L’aval de Joseph Kabila sans lequel aucune nomination au sein du gouvernement ne sera possible. Or, l’ancien président, qui demeure l’homme fort du pays, considère depuis plus de dix ans Mbusa Nyamwisi comme l’un de ses principaux ennemis politiques.