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RDC : La CENI veut renvoyer ses agents expérimentés pour les remplacer par d’autres plus dociles

Très proche de Félix Tshisekedi et originaire comme lui du Kasaï, le président de la CENI, Denis Kadima, est soupçonné de vouloir favoriser la fraude à l'occasion des élections © Twitter / Ceni RDC

Dans un courrier daté du 15 janvier dernier et adressé au premier ministre Sama Lukonde, le controversé président de la Commission électorale nationale indépendante, Denis Kadima, demande une rallonge budgétaire de plus de 30 millions de dollars. Officiellement, il s’agit de mettre en congé des agents expérimentés pour en recruter de nouveaux. Incompréhensible alors que la CENI manque de personnels sur le terrain pour mener à bien les opérations d’identification électorale qui ont débuté en décembre dernier. L’objectif, en réalité, est de faire partir les agents les moins dociles pour les remplacer par d’autres, à l’échine plus souple.

S’il fallait une preuve supplémentaire de la volonté du pouvoir en place à Kinshasa de « garder la main sur le processus électoral » – terme pudique employé dans les milieux diplomatiques pour pointer du doigt la volonté prêtée à Kinshasa de frauder à l’occasion des prochaines élections –, en voici une énième.

Dans un courrier daté du 15 janvier dernier et adressé au premier ministre Sama Lukonde, le controversé président de la CENI, Denis Kadima, demande une rallonge budgétaire de plus de 30 millions de dollars pour, assure-t-il, mettre en congé certains agents et les remplacer par d’autres. Au total, 914 agents seraient concernés (voir courrier ci-dessous).

Parmi les cadres les plus intègres de la CENI, cette décision suscite incompréhension et malaise. « Cette demande intervient un peu tard. Si on manquait vraiment de personnels, ce n’est pas aujourd’hui mais il y a six mois qu’il aurait fallu s’en apercevoir. Former de bons agents, cela prend du temps », s’inquiète un responsable provincial de la CENI qui en est à sa troisième campagne électorale.

Selon l’un de ses collègues, travaillant pour la CENI à Kinshasa, la vraie motivation de M. Kadima est ailleurs. « Si on manquait vraiment de personnels, on se serait contenté de recruter de nouveaux agents en conservant les anciens. Mais là, on fait partir les anciens, ceux qui ont l’expérience, le savoir-faire, pour les remplacer par d’autres, inexpérimentés. Ça n’est pas logique », fait observer ce cinquantenaire. Et d’ajouter : « Vous verrez qu’en grande majorité, ces nouvelles recrues viendront de la même province ».

Sans le dire explicitement, ce responsable de la CENI vise le Kasaï, province d’origine de M. Tshisekedi, mais aussi de Denis Kadima et de la plupart des hiérarques du régime. C’est sur le Kasaï – entre autres – que le président actuel compte pour garantir sa réélection. Elle est, de loin, la province à avoir enregistré la plus forte augmentation du nombre de centres d’identification en 2023, comparé à 2018, dernière année d’élection présidentielle en RDC. Dans certaines provinces du Kasaï, la hausse dépasse allégrement les 50 % (lire notre article).