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RDC : Joseph Kabila l’a dit explicitement, il veut changer la Constitution

Joseph Kabila, président (hors mandat) RD congolais. © DR – Twitter

Il a fini par dire tout haut ce que l’on savait déjà. Joseph Kabila veut changer la Constitution en RDC. Il l’a indiqué hier, de manière à peine allusive, aux députés de la majorité présidentielle, convoqués à la Cité de l’OUA. Quelques heures plus tard, c’est son directeur de cabinet adjoint, Jean-Pierre Kambila, qui s’est fendu d’un tweet on-ne-peut-plus explicite à ce sujet.

« J’ai le devoir de défendre la Constitution ou bien changeons la Constitution ! » Ces propos, ce sont ceux de Joseph Kabila. Ils ont été tenus devant les députés de la MP qu’il a réunis lundi 16 avril à la Cité de l’OUA pour tenter de calmer leurs inquiétudes. Plusieurs d’entre eux nous les ont rapportés.

Ce premier ballon d’essai est suivi quelques heures plus tard par un second. Cette fois-ci sans aucune équivoque. Il prend la forme d’un tweet de son directeur de cabinet, Jean-Pierre Kambila, d’habitude très prudent et mesuré, diffusé tôt ce matin du 17 avril. « Une Constitution […] peut et doit aider le pays à progresser. La notre nous fragilise », écrit celui qui est l’un des plus proches collaborateurs du président (hors mandat) RD congolais, avant d’ajouter : « Il faut la changer et le plus vite possible. Il n’y a pas de raison d’attendre. » Une déclaration qui ne souffre aucune ambiguïté.

Ainsi, en l’espace de quelques heures, Joseph Kabila a clairement affiché – directement et indirectement, par la voix de son collaborateur – sa volonté de modifier la Constitution. « Le penser, c’est une chose. Mais l’avouer en public en est une autre. Cela rappelle les propos de Shadary à RFI sur l’affaire des mercenaires attribués à Katumbi », s’amuse un professeur de l’UniKin.

Pour ce faire, le président RD congolais a utilisé le débat sur la double-nationalité devant les députés – qui concernent nombre d’entre eux mais surtout, de son point de vue, son principal adversaire, Moïse Katumbi, qu’il espère ainsi neutraliser en instrumentalisant pareille polémique. Ainsi, tactiquement, M. Kabila justifie sa volonté de modifier la Constitution afin de régler cette problématique de la double-nationalité. En réalité, il s’agit d’un prétexte car il en profiterait pour revoir la limitation de mandat ou, à tout le moins, remettre les compteurs à zéro sur ce point, ce qui lui permettrait de briguer un nouveau mandat.

Pourquoi cette déclaration intervient-elle aujourd’hui ? D’une part, Joseph Kabila sait qu’il ne peut indéfiniment repousser la date de l’élection présidentielle au risque de faire très dangereusement monter le mécontentement à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. D’autre part, le président (hors mandat) RD congolais a acquis la conviction qu’aucun de ses dauphins putatifs n’est en mesure de faire poids face à l’opposition. Et quand bien même, M. Kabila et son entourage se sont toujours montrés réticents – pour ne pas dire plus – à l’idée d’organiser un scrutin auquel l’actuel chef de l’Etat ne participerait pas.

Joseph Kabila dévoile ainsi progressivement son jeu. Après avoir argué de la nécessité de changer la Constitution (en tentant habilement de profiter du débat sur la nationalité), son prochain objectif sera de mettre l’opinion nationale et internationale devant le fait accompli en prétextant l’incapacité de son pays à organiser l’élection présidentielle du fait essentiellement d’un manque de financement. Joseph Kabila fera alors savoir qu’il faut changer la Constitution, notamment le mode de scrutin pour l’élection présidentielle (celle-ci se déroulerait au second degré, ce qui serait moins coûteux mais aussi plus facile à contrôler au niveau des résultats).

Une élection à laquelle Joseph Kabila pourrait, de son point de vue, se présenter afin de rempiler pour un nouveau mandat au motif que la Constitution ayant été changée, lui qui est déjà depuis plus de dix-sept ans au pouvoir en RDC…