Le candidat de l’opposition est arrivé ce mardi 11 septembre à Lubumbashi, la capitale du Haut-Katanga, fief de l’un de ses deux principaux soutiens, Moïse Katumbi.
Martin Fayulu est arrivé aux alentours de midi, heure locale, à l’aéroport de Luano. Il a été accueilli par Gabriel Kyungu wa Kumwanza et Soriano Abraham, le frère de Moïse Katumbi. Le cortège a rapidement quitté l’aéroport pour se diriger vers la cité des jeunes dans la commune de Kampemba, lieu prévu pour un meeting géant.
Mais pour Martin Fayulu, il n’y aura pas aujourd’hui de bain de foule. Ainsi, en a décidé le pouvoir. Ne supportant pas l’idée d’un nouvel affront (voir le précédent de Kindu), qui plus est dans la province d’origine de Joseph Kabila, le régime RD congolais n’a ménagé aucun effort en ce sens.
Pourtant ce matin, Lubumbashi avait des allures de ville morte. Une grande partie des activités étaient à l’arrêt, la population s’apprêtant dans sa grande majorité à recevoir le candidat soutenu par l’enfant du pays, Moïse Katumbi, dont la popularité est intacte dans la capitale du cuivre comme ailleurs dans l’ex-province du Katanga.
Mais dès hier soir, des tirs d’intimidation ont été entendus en différents endroits de Lubumbashi pour dissuader la population de sortir aujourd’hui pour venir accueillir le candidat de la plate-forme Lamuka.
Ce matin, les forces de l’ordre ont truffé de barrages la route menant à l’aéroport de Luano pour interdire à la population d’y accéder. Certains d’entre eux ont été forcés par les habitants. C’est alors que les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes. Des camions lanceurs d’eau chaude ont également été mobilisés. Des tirs de sommation ont été entendus et plusieurs blessés ont d’ores et déjà rapportés.
La campagne de Martin Fayulu sabordée par le régime de Joseph Kabila
Les incidents de Lubumbashi, pour regrettables qu’ils soient, n’ont rien de surprenants. Alors que la campagne des autres candidats (Shadary, Tshisekedi-Kamerhe) se déroule sans encombre, celle de Martin Fayulu est parsemée d’embûches. Dimanche 9 décembre, son avion n’a pu atterrir à Kindu dans le Maniema, M. Kabila souhaitant éviter au régime l’affront d’un accueil populaire massif dans la province d’origine de son dauphin, Emmanuel Ramazani Shadary. Rebelote le lendemain, l’avion de M. Fayulu se dirigeant en direction de Bukavu dans le Sud-Kivu, la population a été interdite de s’y rendre pour l’accueillir par le déploiement d’un impressionnant dispositif policier.
Joseph Kabila avait prévu tous les scenarii possibles dans la perspective de ces élections. Il a cependant été surpris par l’engouement populaire autour de la candidature de Martin Fayulu. Plusieurs membres au sein de son entourage le confirment. Si cet engouement autour de l’opposant est aussi gênant pour le président (hors-mandat), c’est parce qu’il sera plus difficile à ce dernier le moment venu de justifier l’écart entre la mobilisation populaire en faveur de M. Fayulu lors de la campagne électorale et le résultat officiel qui lui sera attribué par la machine à voter, chacun supputant une vaste fraude au profit du candidat au pouvoir. Raison pour laquelle le régime de Joseph Kabila s’emploie désormais à saborder chacun des déplacements du candidat de la coalition Lamuka.