Accueil Politique

Lubumbashi : Joseph Kabila veut la peau du président de la Fondation katangaise

le président de la Fondation katangaise, Raphaël Mututa Mistala, est menacé de destitution par les proches de Joseph Kabila © Facebook

Raphaël Mututa Mistala avait en effet refusé que cette institution apolitique, très puissante dans l’ex-Katanga, soutienne la candidature du dauphin de Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary. Une commission, dirigée par un membre du PPRD, a été mise sur pied le 6 octobre dernier pour le destituer. 

Par Jacky Wetu, notre correspondant à Lubumbashi

Le président de la Fondation katangaise refuse de soutenir le dauphin de Joseph Kabila ? Les leaders de la majorité présidentielle dans cette ex-province de l’est de la RDC (PPRD et FCC) comptent bien le lui faire payer. A leur tête, les quatre gouverneurs de l’ex-Katanga, qui eux mouillent le maillot pour tenter de promouvoir la candidature à l’élection présidentielle d’Emmanuel Ramazani Shadary. Une candidature très impopulaire dans l’ensemble du pays et en particulier dans l’ex-Katanga, où l’on apprécie guère cet ex-ministre de l’Intérieur originaire du Maniema, pas plus d’ailleurs que le bilan des presque 18 ans au pouvoir de Joseph Kabila.

Pour tenter malgré tout de faire avaler la couleuvre aux Katangais, le camp présidentiel a impérativement besoin de s’appuyer sur des relais d’influence, au premier rang desquels figure la Fondation katangaise. Mais c’est peu dire que son président n’entend pas laisser cette institution très respectée, dont la vocation est de promouvoir l’identité katangaise, se faire instrumentalisée à des fins électoralistes.

Une commission a été mise sur pied le 6 octobre pour destituer l’actuel président de la Fondation

Depuis son refus, Raphaël Mutata – que ses contempteurs accusent d’être un cadre de L’UNAFEC, un parti politique pro-Moïse Katumbi, dirigé Gabriel Kyungu wa Kumwanza – fait face aux assauts répétés des leaders de la majorité dans l’ex-province du Katanga, à commencer par Richard Muyej Mangez, le gouverneur du Lualaba. Celui-ci, aux côtés des trois autres gouverneurs de l’ex-Katanga, sont bien décidés à le démettre de la présidence de la Fondation. Pour ce faire, ils excipent un article des statuts de cette institution, arguant du fait que le mandat de l’actuel président serait échu depuis un an. Mais les choses ne sont en réalité pas aussi simples que ces gouverneurs de province voudraient le faire croire (lire à ce sujet notre précédent article : Lubumbashi : le président de la Fondation katangaise menacé de destitution après avoir refusé de soutenir le dauphin de Joseph Kabila).

Mais les leaders du camp présidentiel dans l’ex-Katanga n’ont pas pour habitude de s’embarrasser de considérations juridiques. Ils ont donc mis en place le 6 octobre dernier, sous la présidence de M. Tshawila, qui est à la fois membre du PPRD et de l’association de la Fondation katangaise, une commission chargée d’organiser l’élection d’un nouveau président (et donc la destitution de l’actuel) avant, probablement, d’entreprendre le démembrement de cette institution pour limiter son influence.

Quelle que soit la réussite de cette entreprise, il n’est pas sûr que cela soit de nature à renforcer la popularité d’Emmanuel Ramazani Shadary dans l’ex-Katanga, pas plus d’ailleurs que celle de celui qui l’a imposé comme dauphin.