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Lubumbashi : le président de la Fondation katangaise menacé de destitution après avoir refusé de soutenir le dauphin de Joseph Kabila

Les quatre gouverneurs de l'ex-Katanga appellent à soutenir le dauphin choisi par Joseph Kabila, à rebours de l'opinion publique et des notables katangais © DR

Le chef de l’Etat (hors mandat) RD congolais tente de mettre au pas cette institution très puissante dans l’ex-Katanga, qui refuse catégoriquement de soutenir le dauphin qu’il s’est choisi pour lui succéder.

Un putsch. C’est ce que tentent de faire les soutiens de Joseph Kabila au sein de la Fondation katangaise, une institution qui réunit la quasi-totalité des notables de l’ex-province du Katanga et dont la vocation est de promouvoir les intérêts de cette province. Apolitique par nature, elle refuse catégoriquement d’appuyer Emmanuel Ramazani Shadary, le dauphin de Joseph Kabila, qui est orginaire du Maniema. C’est en particulier le cas du président de cette fondation, Raphaël Mututa Mistala, raison pour laquelle Joseph Kabila rêve de le renverser.

Pour ce dernier, il s’agit bien plus que d’une simple contrariété. Le président (hors mandat) RD congolais tire une bonne partie de sa légitimité, de son pouvoir et de ses soutiens (notamment dans l’armée et les services de sécurité) de la province de l’ex-Katanga dont il est originaire. Ne pas bénéficier de l’appui de la Fondation katangaise rendrait donc sa situation, tant sur un plan symbolique que pratique, encore plus compliquée qu’elle ne l’est alors que les rangs de ses soutiens se clairsèment, ce qui le contraint à se regrouper autour d’un carré de fidèles.

Pour éviter ce qui serait pour lui une grave déconvenue, Joseph Kabila a décidé d’employer la manière forte vis-à-vis de cette Fondation. Le 30 août dernier, les quatre gouverneurs de l’ex-province du Katanga (Haut-Katanga, Lualaba, Tanganyika, Haut-Lomami), tous des fidèles nommés par le président (hors-mandat), ont, par le biais d’une des associations membres de la Fondation, Buluba-I-Bukata, exigé la tenue d’une assemblée générale extraordinaire avec pour ordre du jour rien de moins que la désignation d’un nouveau président. Cerise sur le gâteau, celle-ci devrait, selon eux, se tenir d’ici le 10 septembre au maximum. C’est dire l’urgence pour le camp présidentiel.

Une initiative qui est en contradiction totale avec les statuts de la fondation. Ce que n’a pas manqué de rétorquer son président. « La convocation d’une assemblée générale élective rentre dans les prérogatives du président du comité exécutif de la Fondation katangaise et ce, à l’issue d’une assemblée générale ordinaire statuant sur cette matière en vertu de l’article 12 des statuts », écrit dans un courrier daté du 2 septembre dernier Raphaël Mututa Mistala qui a été menacé de mort à plusieurs reprises ces derniers mois.

Et celui-ci de poursuivre en dénonçant cette « démarche tendant à faire germer la division, la haine et l’intolérance […] au sein de la Fondation katangaise », faisant observer au passage qu’il est « malsain d’engager les différentes communautés sans les avoir consultées au préalable, et ce pour des intérêts égoïstes ».

Dans son courrier, Raphaël Mututa Mistala rappelle, par surcroît, explicitement que la Fondation katangaise est « apolitique » et que l’un de ses buts est de « veiller à la sauvegarde des Katangais et du Katanga dans tous les domaines ». En off, nombre des notables de la Fondation sont vent debout contre Joseph Kabila qui mène une lutte fratricide contre un autre Katangais, Moïse Katumbi, à rebours même de l’esprit de la Fondation qui est de promouvoir l’unité et les intérêts des filles et fils du Katanga. « Que l’un des nôtres Joseph Kabila choissise Emmanuel Ramazani Shadary, le fils d’une autre province, tout en faisant la guerre à l’un de nos frères, Moïse Katumbi, ici, les gens ne comprennent pas et ça ne passe vraiment pas », confie l’un d’entre eux.

Pour l’instant en tout cas, Joseph Kabila semble faire la sourde oreille. Très impopulaire dans l’ensemble du pays, le président (hors mandat) ne peut s’offrir le luxe de montrer qu’il l’est y compris dans sa province d’origine. D’autant qu’il sait mieux que quiconque que si l’ex-Katanga tousse, c’est toute la RDC qui risquerait de s’enrhumer. Il sera donc prêt à tout pour mettre la main sur la Fondation katangaise.