Et pour cause, ça n’est pas la première fois qu’une telle annonce est faite. Malheureusement, les promesses en ce sens n’ont jusqu’à présent jamais été tenues, rendant très difficile le quotidien des petits commerçants qui traversent régulièrement la frontière avec le Rwanda.
Par Augustin Mosange, l’un de nos correspondants à Goma
Durant son récent séjour à Goma, le premier ministre congolais, Bruno Tshibala, a visité les postes frontaliers en construction de la grande et de la petite barrière entre les villes de Goma et de Rubavu.
Face à l’augmentation du nombre de taxes à ces deux endroits, points névralgiques du trafic et du commerce entre la RDC et le Rwanda, qui sont à la base de nombreuses tracasseries de tout genre pour les commerçants, le premier ministre a annoncé la réduction du nombre de colles à quatre, comme l’exige la loi. « Seuls quatre services sont autorisés à travailler à la frontière […], les autres, qui ne respecteront pas ce mot d’ordre, seront traduit en justice », a-t-il prévenu.
Jusqu’à présent, une bonne dizaine de services administratifs sont présents de manière illégale au niveau de la grande et de la petite barrière. Et les petits commerçants, qui sont pour la plus part des femmes vulnérables et des handicapés, sont tenus de verser de l’argent à chacun d’entre eux sans obtenir de quittance pour faire passer leurs marchandises.
Racket informel, toléré par les autorités, qui pourrit le quotidien des petits commerçants
Après cette annonce faite par le premier ministre Bruno Tshibala, les petits commerçants espèrent que la réduction du nombre de services administratif à la douane diminueront effectivement afin de faire cesser ce qui s’apparente à du racket informel, toléré par les autorités, qui pourrit le quotidien des petits commerçants. L’un d’entre eux, Paul, handicapé qui se déplace dans une chaise roulante remplie de cartons contenant divers produits, témoigne de ce quotidien infernal. « Nous payons des frais dont nous ignorons la destination. Pour des petits produits, on paye entre 5 000 et 10 000 francs congolais alors que notre bénéfice ne s’élève qu’à 15 000 francs », déplore-t-il avant d’ajouter : « nous espérons que le premier ministre, qui a entendu nos doléances, va tout faire pour que cette mesure soit appliqué ici à la petite barrière ».
Lucie, vendeuse de légumes importés depuis le Rwanda voisin, espère elle aussi que la situation va réellement changer. « Les agents de l’Etat nous attendent comme si on étaient des vaches à lait qu’il fallait traire. A peine traversés la frontière, ils nous sautent dessus et nous font payer des taxes sans jamais nous donner de quittance […] Si seuls les quatre services qui doivent normalement être présents l’étaient effectivement, alors nous payerions sans hésiter les taxes légales demandées par la lois », assure-t-elle.
Mais chez une majorité de ces petits commerçants, c’est le scepticisme qui domine. Beaucoup d’entre eux craignent un effet d’annonce auxquels ils ont déjà été habitués. Car la mesure annoncée par le premier ministre a déjà été faite, il y a quelque temps, par le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku. Or au lendemain de sa visite sur les sites concernés, les services illégaux ont vu leur nombre augmenter depuis. De quoi en effet douter de la mise en oeuvre des promesses faites par Bruno Tshibala, d’autant plus que celui-ci devrait quitter ses fonctions en fin d’année.