Furieux après que Joseph Kabila n’a pas tenu à deux reprises sa promesse de se rendre ces derniers jours à Luanda, João Lourenço a de nouveau reçu la visite de Léonard She Okitundu venu derechef excuser son président pour ce « contretemps ». L’attitude du président (hors mandat) RD congolais a de quoi interroger avant son discours devant le Parlement d’ici le 20 juillet. Celui-ci ne donne en effet aucun signe de vouloir quitter le pouvoir.
Il est revenu aussitôt à Luanda. Après s’y être déjà rendu lundi 20 juin, Léonard She Okitundu, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères de RDC, a de nouveau été dépêché jeudi 21 au soir en Angola. L’objectif : calmer la colère du président angolais, João Lourenço, très énervé après que Joseph Kabila n’a pas honoré sa promesse de se rendre une première fois le 19 juin à Luanda pour une réunion avec ses pairs, puis une seconde fois en fin de cette semaine pour une séance de rattrapage (lire notre précédent article à ce sujet).
L’attitude fuyante de Joseph Kabila ne laisse d’interroger sur sa volonté réelle de quitter le pouvoir, comme le lui impose la Constitution. Ces derniers temps, il a tenté de brouiller les pistes, s’affichant ostensiblement avec Augustin Matata Ponyo la semaine dernière à l’occasion d’une mini-tournée dans l’est du pays ou encore en donnant son aval pour inscrire à l’ordre du jour de la présente session extraordinaire du Parlement un projet de loi sur le statut des anciens chefs de l’Etat en RDC. Mais il pourrait ne s’agir là que de faux-nez pour brouiller les pistes.
Joao Lourenço étant très engagé sur le dossier RD congolais, Joseph Kabila craint sa réaction. Du coup, il entendrait aborder le sujet en premier lieu avec son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, afin de tenter d’enfoncer un coin entre les différents présidents de la sous-région pour qu’ils s’opposent entre eux sur la question de la RDC. C’est la stratégie éculée du « diviser pour mieux régner ». C’est pourquoi le chef de l’Etat RD congolais entendrait se rendre d’abord à Prétoria en évitant Luanda avant, le cas échéant, de venir s’expliquer sur le chemin retour à Kigali devant Paul Kagamé, le chef de l’Etat rwandais et président en exercice de l’Union africaine. Il reste que pour Joseph Kabila, qui a usé à maintes reprises de la même ficelle, il ne sera pas facile de duper une énième fois ses homologues, qui sont parfaitement conscients du jeu joué par le président RD congolais.
Cette mini-tournée sous-régionale devrait être bouclée avant le 20 juillet, date butoir à laquelle Joseph Kabila doit prononcer un discours très attendu devant les parlementaires, comme l’a indiqué mardi 19 juin Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale, lors de l’ouverture d’une session parlementaire extraordinaire. M. Kabila entend préparer le terrain et les esprits en réservant à ses pairs la primeur de l’information quant à son intention de quitter ou non le pouvoir.
Quelle posture Joseph Kabila adoptera au final ? Difficile de le dire à ce stade. Toutefois, même si celui-ci aime à envoyer des signaux contradictoires afin de brouiller les pistes, son attitude mutique et fuyante, l’absence de décrispation politique ou encore l’activisme de Corneille Naanga à défendre la très controversée machine à voter ou le fichier électoral pourtant vicié, est loin de donner l’impression que l’actuel locataire du Palais de la Nation soit véritablement prêt à renoncer à son fauteuil de président.