Il s’appelle Mike Hammer, comme le héros d’une célèbre série américaine des années 1980. A Kinshasa, il devrait rapidement se faire un nom. Les États-Unis viennent en effet de le désigner comme leur nouvel ambassadeur en RDC. Ce spécialiste des questions de défense et de sécurité est réputé proche de « l’aile dure » du parti républicain, acquis au président Donald Trump. A Washington, les spécialistes y voit une volonté de durcir la ligne diplomatique vis-à-vis de Kinshasa.
Après avoir été choisi par Donald Trump le 18 juin dernier, Mike Hammer a été auditionné ce vendredi 3 août par la commission des Affaires étrangères du Sénat américain. Avec succès. Il remplacera donc l’ambassadeur sortant .
En tant qu’ambassadeur, ce sera son second poste, Mike Hammer ayant en effet occupé de 2014 à 2016 les mêmes fonctions au Chili. Depuis 2017, il était le vice-président principal intérimaire de la National Defence University à Washington. Élevé en Amérique du Sud, ce multi-diplômé des universités de Georgetown, du Tufts et du National War College, est fort d’une longue expérience. Depuis son entrée dans la diplomatie en 1988, il a travaillé successivement en Bolivie, en Norvège, en Islande, au Danemark. Qui plus est, il parle un français parfait. Un élément indispensable dans le plus grand pays d’Afrique francophone, un continent sur lequel Mike Hammer travaillera pour la première fois.
« N’oubliez pas que »hammer » signifie »marteau » en français »
En RDC, l’homme arrive dans un climat politique très tendu alors que des élections générales sont censées se tenir en fin d’année. C’est sans doute la raison pour laquelle le choix des Etats-Unis s’est porté sur Mike Hammer. Ce spécialiste des questions de défense et de sécurité est réputé proche de « l’aile dure » républicaine, qui soutient fermement le président Donald Trump. A Washington, les spécialistes y voit une volonté de durcir la ligne vis-à-vis de Kinshasa. « N’oubliez pas que »hammer » signifie »marteau » en français », glisse malicieusement un diplomate américaine.
En octobre 2017, dans une correspondance adressée à Donald Trump, sept sénateurs américains avaient exhorté ce dernier à s’impliquer davantage dans la recherche d’une solution de sorite de crise en RDC. Parmi leurs recommandations figuraient le remplacement de l’ambassadeur en poste depuis 2013 dans le pays, James Christopher Swan, jugé « trop mou » vis-à-vis de Kinshasa. Pour le président américain, Mike Hammer, réputé ferme et intransigeant, serait l’homme de la situation, en tout celui adapté aux circonstances.
Deux dossiers pour le nouvel ambassadeur : le sort de Joseph Kabila et l’avenir de la Monusco
Car l’administration Trump commence à perdre patience vis-à-vis de Joseph Kabila qui foule aux pieds la Constitution et l’accord de la Saint-Sylvestre. Or elle entend bien faire le nécessaire non seulement pour que celui-ci ne se représente pas à l’élection présidentielle mais aussi pour que le scrutin qui sera organisé soit à la fois inclusif et crédible. Deux points sur lesquels Washington s’accorde avec les principaux dirigeants de la sous-région (Afrique du Sud, Rwanda, Angola…).
Autre sujet de préoccupation pour les Etats-Unis : la Monusco sur laquelle la première puissance mondiale est très critique. En mars dernier, Nikki Haley, l’ambassadeur permanente de Washington auprès des Nations Unies avaient accusé la force onusienne de collusion avec le gouvernement jugé « corrompu » de Kinshasa (voir la vidéo de ses déclarations). Les déclarations de Florence Marchal, la porte-parole de la Monusco, qui a tenté sans convaincre de justifier ce weekend le refus de protéger l’opposant Moïse Katumbi qui tentait de rentrer dans son pays, y compris une fois le sol de la RDC foulé, a renforcé le sentiment d’inefficacité et d’inutilité de la force onusienne aux yeux de Washington.
Pour Mike Hammer, ce nouveau poste d’ambassadeur ne sera probablement pas de tout repos…