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RDC : A Kinshasa, Emmanuel Macron rappelle à Félix Tshisekedi, gêné, qu’il n’a pas été élu

Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi lors de leur conférence de presse commune ce samedi 4 mars 2023 à Kinshasa © DR

Dans le cadre d’une tournée en Afrique centrale débutée au Gabon mercredi et qui doit prendre fin ce soir, le président français était à Kinshasa ce samedi 4 mars. A cette occasion, Emmanuel Macron a participé avec Félix Tshisekedi à une conférence de presse commune qui ne s’est pas exactement passée comme le chef de l’Etat RD congolais l’aurait espéré.

L’échange est inhabituel. Surprenant même. Loin du langage diplomatique, convenu et policé, utilisé en pareille circonstance.

Ce samedi 4 mars à Kinshasa, dernière étape de sa tournée en Afrique centrale qui l’a successivement menée au Gabon, puis en Angola et au Congo, et enfin en RDC, le président français Emmanuel Macron a participé à une conférence commune avec son homologue RD congolais.

« On sait le contexte électoral. On sait le contexte électoral », a répété à deux reprises M. Macron qui répondait à une question d’une journaliste au sujet de la formule utilisée début 2019 par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qualifiant de « compromis à l’africaine » l’investiture comme président de la République de M. Tshisekedi alors que celui-ci n’avait en réalité pas remporté le scrutin.

C’est Martin Fayulu selon les observateurs indépendants les plus fiables, dont l’Eglise, qui l’a emporté avec 62 % des voix. Gêné par ce rappel, M. Tshisekedi coupe alors la parole de son interlocuteur qui ne peut développer son propos et détourne la conversation, évoquant l’Accord de Nairobi. Trop tard. Pour lui le mal est fait.

Fait cruel, les propos du président français qui reconnait publiquement que M. Tshisekedi n’a pas été élu mais nommé par son prédécesseur font suite à ceux, aussi clairs, tenus il y a quelques mois à ce sujet par un certain… Paul Kagame, mais aussi à ceux de Corneille Naanga, l’ancien président de la CENI.

Lors de cette même conférence de presse, Emmanuel Macron a par ailleurs rappelé le président RD congolais, connu pour avoir une fâcheuse tendance à fuir ses responsabilités, y compris dans le conflit à l’est, à ses devoirs. « Depuis 1994, ce n’est pas la faute de la France et pardon de le dire dans des termes aussi crus vous n’avez pas été capable de restaurer la souveraineté de votre pays. Ni militaire ni sécuritaire ni administrative de votre pays. C’est aussi une réalité. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur », a cinglé le président français. Et d’insister : « ce n’est pas la France qui apportera la solution ».

« Félix Tshisekedi n’est pas parvenu par son action, jugée très insuffisante, à faire oublier sa non-élection »

Une critique qui s’adresse en premier lieu à M. Tshisekedi qui, depuis son arrivée au pouvoir, n’a rien fait pour remédier à cette situation dont les racines sont aussi anciennes que profondes. « Le président français a tenu à rappeler à son homologue (Félix Tshisekedi) qu’il lui faut d’abord balayer devant sa porte s’il veut remettre de l’ordre aux frontières de son pays et que chercher des excuses à l’extérieur ne mènera nulle part », explique un diplomate qui souligne que, contrairement aux attentes de M. Tshisekedi, la France n’a pas condamné Kigali. Pour lui, « une telle position est le signe qu’à l’extérieur aussi M. Tshisekedi souffre d’un déficit de légitimité. Il n’est pas parvenu par son action, jugée très insuffisante, à faire oublier sa non-élection. De sorte qu’il semble cumuler illégitimité et incapacité ».

A l’occasion de la visite de 24 heures du président français Emmanuel Macron en RDC, Félix Tshisekedi a déclaré que la situation à l’est du pays, dont certaines portions sont occupées par le M23, pourrait justifier un report de l’élection présidentielle. Pour les opposants comme de nombreux observateurs, il ne s’agit que d’un prétexte – d’aucuns diront une excuse de plus – pour permettre à M. Tshisekedi de s’accrocher au fauteuil de président dans lequel il n’aurait jamais dû s’installer si le verdict des urnes avait été respecté en janvier 2019.