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Insécurité à l’est de la RDC : Les jeunes de Beni et Butembo dans la rue pour réclamer le départ de la Monusco

Ce vendredi 22 octobre à Beni, les jeunes qui manifestaient pour réclamer le départ du pays des troupes de la Monusco ont contraint le gouverneur du Nord-Kivu Carly Nzanzu Kasivita (en blanc et chapeau noir) à marcher à leurs côtés © Pacheco Kavundama

Incapable depuis son arrivée dans le pays d’y enrayer la violence, la présence de la force onusienne n’est plus désormais seulement perçue par un pan de plus en plus large de la population comme inutile, mais contre-productive.

Par Pacheco Kavundama, notre correspondant à l’est de la RDC, avec Adrien Seyes

A Beni ville, dans la province du Nord-Kivu à l’est de la RDC, des jeunes issus de différentes structures dont le mouvement citoyen La Lucha ou le groupe de pression de la Véranda Mutsanga, sont descendus ce vendredi dans la rue.

La manifestation intervient quelques jours seulement après le massacre de sept civils dans le quartier Boikene en ville de Beni par de présumés ADF.

Son objet : réclamer le départ du pays de la Monusco, la force onusienne, qui semble totalement passive face aux attaques des rebelles ADF dans la région de Beni. Quelques jeunes en colère ont même saccagé les installations de la force onusienne dans la ville.

Pour tenter d’apaiser les tensions, le gouverneur de la province du Nord-Kivu, en déplacement dans cette partie de la région, est venu à la rencontre des jeunes manifestants en colère. Ceux-ci l’ont contraint à marcher à pied à leurs côtés jusqu’à la mairie de Beni où il ont échangé en public.

Arrivé sur place, Carly Nzanzu Kasivita leur a demandé de préparer un cahier de charges avec leurs revendications qu’il s’est engagé à porter au niveau national. Les jeunes, de leur côté, ont promis de s’abstenir de toute nouvelle manifestation en attendant d’avoir fait part de leurs revendications par écrit.

Reste que leur principale demande est claire et déjà connue : le départ de la Monusco qui, disent-ils, assiste sans aucune réaction aux massacres de civils dans la région de Beni.

Depuis, son arrivée dans le pays lors de la deuxième guerre du Congo à la fin des années 1990, la Monuc, devenue Monusco (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo) en 2010, est régulièrement pointée du doigt pour sa passivité. De fait, face à la multiplication des massacres dans l’est du pays, elle a, à de maintes reprises, montré une inefficacité crasse.

Il s’agit pourtant de la principale mission de ce type de l’ONU à travers le monde, tant par son budget (environ 1,5 millards de dollars par an) que par le nombre de personnels mobilisés (plus de 20 000 ans).

Ces dernières semaines, avec la recrudescence des massacres de civils dans le Nord-Kivu (lire notre article), l’exaspération face à la Monusco est encore montée d’un cran. De sorte qu’aujourd’hui, sa présence n’apparaît plus seulement inutile mais contre-productive, tant elle suscite le dégoût auprès d’une part de plus en plus large de la population.

Pour ne rien améliorer, beaucoup reprochent à sa chef, la diplomate algérienne Leila Zerrougui, ses positions à l’occasion de l’élection présidentielle du 31 décembre 2018 en RDC dont les résultats demeurent très controversés.