Accueil Politique

Après la CENI, la Cour constitutionnelle, au tour de la loi électorale… En RDC, le camp Tshisekedi prépare la voie à une fraude électorale massive

Félix Tshisekedi sait ne pas pouvoir rempiler au poste de président si les élections ont lieu à la régulière © Twitter/Présidence RDC

Sachant qu’ils n’ont aucune chance de remporter les prochaines élections à la régulière, Félix Tshsisekedi et son camp tentent de verrouiller au maximum le processus électoral. 

Après avoir caporalisé il y a déjà quelques mois la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en y plaçant à sa tête, l’un des ses hommes-liges, Denis Kadima, le président Félix Tshisekedi et son camp ont cette semaine donné deux tours de vis supplémentaire au processus électoral censé se dérouler fin 2023 et qui s’annonce déjà  aussi chaotique que celui qui a eu lieu en 2018 (dont l’épilogue a été la « nomination » de Félix Tshisekedi par Joseph Kabila au poste de président au terme d’un deal dénoncé depuis).

Le premier tour de vis a eu lieu ce mardi. Au terme d’un simulacre de tirage au sort (Jeune Afrique en a annoncé les résultats plusieurs heures avant que celui-ci n’ait officiellement lieu…), le président de la Cour constitutionnelle, Dieudonné Kaluba, jugé trop indépendant et donc insuffisamment fiable par Félix Tshisekedi, a été révoqué à sa demande et remplacé par un juge à l’échine plus souple (lire notre article).

Le second tour de vis, s’il n’a lui pas encore totalement été donné, est déjà bien engagé. Hier, jeudi, le groupe USN a l’Assemblée nationale a déposé un amendement au projet de loi électorale en cours de discussion au Parlement visant à revenir sur la publication des résultats électoraux bureau de vote par bureau de vote (ce que proposait le texte initial introduit par le G13). Les députés proches de M. Tshisekedi souhaitent que les résultats soient publiés de manière consolidée, indiscriminée au niveau du centre de vote à Kinshasa. Il sera impossible de connaître les résultats de chacun des bureaux de vote, une disposition qui aurait permis de garantir, en assurant la traçabilité des résultats, la transparence du scrutin et qui offre l’avantage de permettre l’inversion dans une large proportion du résultat sorti des urnes (comme en 2018). Le second ou le troisième peut se retrouver premier, et inversement.

Mission impossible

Mais de cette traçabilité et de cette transparence, l’actuel président et ses troupes n’en veulent surtout pas. M. Tshisekedi dont le niveau d’impopularité équivaut au moins à celui de M. Kabila après 18 ans de mandat, sait ne pouvoir ni compter sur son bilan (très mauvais), ni sur une base électorale qui s’érode de jour en jour (même au Kasaï, sa province d’origine, le mécontentement est grand). Dans ces conditions, remporter une élection à la régulière est mission impossible. Tout doit donc être fait pour verrouiller le processus électoral en amont.

Ce jeudi 12 mai, le G13, initiateur de la proposition de loi électorale, dont la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote était le socle, a été dessaisi du texte, au profit de la commission PAJ de l’Assemblée présidée restée sous l’influence de son ancien président André Mbata, un tshisekediste fervent, aujourd’hui premier vice-président de l’Assemblée nationale. Compte tenu du niveau de corruption très élevé, les députés nationaux devraient, sauf surprise, voter dans une dizaine de jours le texte amendé. En ce cas, la RDC irait en 2023 aux élections avec une loi électorale équivalente à celle de… 2018.