La scène s’est déroulée il y a près d’un mois dans un bar de l’avenue Lukusa à la Gombe, une commune huppée de Kinshasa.
Ce jour-là, quelques personnalités du régime, dont Kalev Mutond, l’Administrateur de l’Agence nationale de renseignements, et le général Gabriel Amisi, alias « Tango Four », se retrouvent dans un bar-restaurant dénommé « Piment vert » appartenant à Martin Chamileso, l’intendant général de la Présidence RD congolaise.
On y mange et on y boit. Beaucoup. Beaucoup trop. L’alcool aidant la discussion s’anime et finit par déraper au moment où les protagonistes en viennent à parler des tueries à l’est de la RDC, en particulier dans la province de l’Ituri.
C’est alors que Kalev Mutond, légèrement éméché et un brin goguenard, se fend d’un commentaire ironique : « comment voulez-vous que les généraux règlent la situation dans l’est du pays ? Ils sont tous là à Kinshasa », lâche-t-il dans un éclat de rire, provoquant l’hilarité d’une partie de l’assemblée.
Une partie seulement. Car il en est un qui ne rit pas. Mais alors pas du tout. Le général Tango Four, qui commande la première zone de défense des FARDC, incluant Kinshasa et sa région, est pris d’un réflexe corporatiste. Il rétorque alors sèchement au patron de l’ANR. A la parole, il ne tarde pas à joindre le geste. Après avoir donné un coup de coude à Kalev, Tango Four sort son arme et menace.
La tension ne retombera finalement quelques secondes plus tard que grâce à l’intervention du patron des lieux, Martin Chamileso, qui parviendra – non sans peine – à calmer les esprits.
Cet incident entre ces deux personnalités très proches de Joseph Kabila peut paraître anecdotique. Il est toutefois révélateur de l’état d’esprit qui prévaut dans l’entourage du président (hors mandat) RD congolais où les tensions et les rivalités sont exacerbées et la solidarité entre les différentes écuries au sein du même clan quasi-inexistante.