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Territoire de Masisi : les groupes armés s’en prennent désormais également aux animaux

Une des nombreuses vaches sauvagement mutilées depuis le mois de mai dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu) © DR

Les vaches sont particulièrement visées. 450 d’entre elles ont été tuées ou sauvagement mutilées depuis le mois de mai. Un phénomène qui illustre la montée généralisée de l’insécurité qui ne semble plus connaître de limites dans la province du Nord-Kivu. 

Les groupes armés sont décidément très actifs dans le territoire de Masisi. On ne compte plus les nombreux crimes et délits qui sont perpétrés chaque jour sans que les autorités ne réagissent véritablement.

Ces derniers temps, la violence vient de franchir un nouveau palier. Non content de s’en être pris avec une sauvagerie sans nom aux femmes et aux hommes de ce territoire, les groupes armés ciblent également désormais les… animaux, en particulier les vaches qui représentent pour nombre d’éleveurs de la région et de leurs familles l’unique source de revenus.

450 vaches tuées par les groupes armées depuis le mois de mai

Depuis le mois de mai dernier, ces groupes armés sont accusés par les notables du territoire de Masisi d’abattre des ruminants. « Nous avons été invités à exposer la situation au vice-gouverneur de la province, Feller Lutaichirwa. La situation d’insécurité atteint chaque jour un niveau d’insécurité plus préoccupant dans le territoire de Masisi où des groupes armés commencent même à tuer des vaches. On a déjà répertorié 450 vaches abattues dans différents  groupements de Masisi, notamment les groupements Kibabi, Nyamaboko et Kazinga », précise Dunia Bakarani, un des notables du territoire de Masisi au sortir d’une réunion avec les autorités provinciales. Des dizaines d’autres ont également été sauvagement mutilées (voir photo).

Jeudi 27 septembre, le vice-gouverneur du Nord-Kivu a invité à Goma les députés provinciaux, ainsi que les notables du territoire de Masisi pour une réunion dont le but était d’identifier les causes de cette situation et de trouver les solutions pour remédier à ce phénomène nouveau de tueries visant les animaux. « Tout a commencé au mois de mai dernier. Quelques auteurs de ces méfaits ont été arrêtés. Nous recommandons aux victimes de porter plainte pour que les autorités puissent faire le suivi sur le plan judiciaire », a ajouté Dunia Bakarani qui est aussi éleveur dans le territoire de Masisi.

Des critiques s’élèvent également dans le camp de la majorité

Ce phénomène récent d’abattage des vaches préoccupe grandement dans le territoire de Masisi. « Nous allons élargir nos réunions à d’autres notabilités pour trouver une solution et disposer d’un état des lieux plus large. Mais il faudra que l’État congolais s’implique pour mettre fin à cela car si les gens viennent pour abattre les vaches, c’est le signe que l’Etat n’est pas présent, qu’il ne remplit pas son rôle. C’est son travail en effet que d’assurer la sécurité des personnes et des biens », constate, très critique, Nkuba Kahombo, député provincial et rapporteur de l’assemblée provinciale du Nord-Kivu, pourtant membre de la majorité présidentielle qui a pris part à cette réunion convoquée par le vice-gouverneur.

Une « descente » de la part des autorités est envisagée dans les jours à venir dans les zones frappées par le phénomène d’abattage de vaches. Sur place, les éleveurs et leurs familles attendent une réaction ferme de leur part. Pas sûr cependant que celle-ci soit à la hauteur du nouveau mal qui frappe le déjà très éprouvé territoire de Masisi.