Dans une déclaration rendue publique mardi 3 septembre, la Ligue de la crème intellectuelle du territoire de Masisi dans le Nord-Kivu dénonce l’attitude de la commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a déclaré recevables les candidatures de deux candidats députés nationaux, pourtant détenteurs de la double-nationalité, aux prochaines élections législatives.
Selon les signataires de cette déclaration, la CENI ne s’est focalisée que sur la détention de la double-nationalité de personnes originaires d’autres provinces, à l’exclusion du Nord-Kivu et du territoire de Masisi.
Toujours selon la Ligue de la crème intellectuelle du territoire de Masisi, il est de notoriété publique qu’Edouard Mwangachuchu Hizi, président national du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un ancien mouvement polico-militaire qui s’est mué depuis en parti politique membre de la majorité présidentielle, est de nationalité américaine ; de même qu’un autre candidat Boniface Gachuruzi Bulakali Shally, membre du Parti des nationalistes pour le développement intégral, qui est lui titulaire de la nationalité canadienne.
Face à cette situation, la Ligue de la crème intellectuelle du territoire de Masisi, qui dénonce une politique du deux poids deux mesures dans le traitement de candidatures aux élections, demande à la CENI de revoir sa décision ; à la Cour constitutionnelle de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’inégalité devant la loi et à la population d’être vigilante et prête à dénoncer tout cas suspect similaire susceptible de compromettre le processus électoral.
Deux poids, deux mesures
Cet événement, pour anecdotique qu’il puisse paraître, est révélateur de l’instrumentalisation qui est faite de la question de la détention réelle ou supposée par certains candidats de la double-nationalité. Samy Badibanga, l’ex-premier ministre, vient d’être autorisé il y a quelques jours par la Cour constitutionnelle à se présenter à l’élection présidentielle alors même qu’il est titulaire de la nationalité belge. Quant à Moïse Katumbi, pourtant titulaire de la seule nationalité congolaise, le pouvoir tente de lui attribuer une double nationalité (congolo-italienne) pour le disqualifier définitivement du processus électoral.
Mais il n’y a pas que pour l’élection présidentielle que la question de la nationalité est instrumentalisée. C’est le cas également pour les élections provinciales et législatives, comme le montre cette affaire concernant le territoire de Masisi. Dans l’écrasante majorité des cas, la question de la nationalité est utilisée pour écarter les candidats de l’opposition. Elle épargne, en revanche, largement les candidats du pouvoir qui eux sont autorisés à se maintenir dans la course électorale.