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Sondage en RDC : les Congolais accablent Tshisekedi et plébiscitent Katumbi

En RDC, Moïse Katumbi représente aux yeux de Félix Tshisekedi la menace la plus sérieuse dans la perspective de l'élection présidentielle à venir © DR

C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé du 25 février au 7 juin 2022 auprès de 5512 personnes réparties dans les 26 provinces du pays par le Bureau d’études, de recherches, et de consulting international (Berci), le Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’Université de New York et Ebuteli, dont les résultats ont été rendus publics cette semaine.

L’enquête d’opinion, d’une trentaine de pages et intitulée « Congolais cherchent démocrates », rendue publique en début de semaine, fourmille d’enseignements.

Le principal d’entre eux : la défiance extrême des Congolais vis-à-vis de Félix Tshisekedi qui, bien qu’arrivé au pouvoir en 2019 non par la grâce non des urnes mais de son prédécesseur Joseph Kabila, avait suscité beaucoup d’espoirs.

« Ils ne sont que 17 % à soutenir fortement la manière dont le président de la République travaille. Félix Tshisekedi recueille même son plus mauvais score en termes d’opinions défavorables (51 %) depuis 2019 », note les auteurs de l’enquête.

« Notre sondage montre que les citoyens ne sont pas satisfaits du travail réalisé par les institutions […]. Et la majorité de sondés pense que le président Tshisekedi ne pourra pas réaliser ses promesses d’ici 2023 », explique Ithiel Batumike, chercheur à Ebuteli.

Pour Pierre Boisselet, coordonnateur des recherches sur la violence à Ebuteli, ce sondage « montre une exaspération des Congolais face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Les politiques jusque-là mises en œuvre par le gouvernement de Félix Tshisekedi sont vues comme inefficaces », fait-il observer.

L’enquête montre également l’échec de la politique de la lutte contre la corruption. Plus de 67 % des personnes interrogées estiment que les autorités n’ont pas été efficaces dans ce domaine. L’acquittement fin juillet en appel de Vital Kamerhe qui doit faire campagne dans l’est en faveur de M. Tshisekedi, illustre le peu d’entrain des autorités congolaises en la matière.

Cette enquête, remarquable par son ampleur et la rigueur de sa méthodologie, est d’autant plus catastrophique pour le président sortant qu’elle place au premier rang des personnalités politiques préférées des Congolais son grand rival, Moïse Katumbi, avec 44 %, qui devance Martin Fayulu (42 %).

Dégringolade

Malgré son statut de chef de l’Etat, M. Tshisekedi n’engrange, lui, que 40 % d’opinion favorable. Certes, c’est une augmentation de 11 points par rapport au sondage précédent mais une dégringolade de 23 points par rapport à mars 2019, deux mois après son investiture à la Présidence.

En termes de côte de popularité, Moïse Katumbi n’est devancé dans ce sondage que par le Cardinal Fridolin Ambongo et par le Prix Nobel de la Paix, le Dr Denis Mukwege, qui jouissent tous deux de 53 % d’opinion favorable.

Mais il s’agit de personnalités issues de la société civile et non du monde politique. Or, traditionnellement, dans ce genre d’enquête, en RDC comme partout ailleurs dans le monde, les personnes qui ne sont pas issues du monde politique ont une popularité beaucoup plus élevée que les autres. Un paramètre important qui rend d’autant plus remarquable le score enregistré par le président d’Ensemble pour la République dont il fait désormais peu de doutes qu’il sera candidat à l’élection présidentielle prévue fin 2023 en RDC.