En mal de soutien dans la sous-région, Joseph Kabila, le président (hors mandat) RD congolais, pourtant avare en déplacements, a décidé de se rendre à Kigali, la capitale du Rwanda, le 20 mars prochain, afin de participer à un sommet extraordinaire de l’Union Africaine. Depuis janvier dernier, l’organisation panafricaine est en effet présidée par le chef de l’Etat rwandais, Paul Kagamé.
Signe de l’importance qu’accorde Joseph Kabila à ce déplacement, celui-ci a envoyé sur place en éclaireur une délégation pilotée par le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba. Sa mission : s’entretenir en amont avec les autorités rwandaises afin de préparer le terrain pour la venue du président (hors mandat) RD congolais.
Joseph Kabila ne se rend que rarement à pareil événement. Mais il est contraint de forcer sa nature car depuis quelques mois, ses soutiens se font de plus en plus rares sur le continent, en particulier dans la sous-région. Certains de ses alliés traditionnels ont été balayés (Zuma en Afrique du Sud, Mugabe au Zimbabwe, etc.), d’autres pays se montrent de plus en plus pressants pour le pousser vers la sortie (c’est le cas de l’Angola, du Botswana, etc.).
Il faut dire qu’il y a un risque de réputation à associer aujourd’hui son image à celle de Joseph Kabila. Paul Kagamé le sait. Raison pour laquelle il est gêné aux entournures. « S’afficher aux côtés de M. Kabila aujourd’hui, c’est prendre le risque d’être à contre-courant de l’Histoire, de froisser l’opinion publique congolaise mais aussi celle des autres pays du continent, sans parler de la communauté internationale », analyse un diplomate occidental en poste à Kigali. « Kagamé ne peut cautionner par son silence les tueries et les viols, pratiqués à une échelle industrielle, à l’est de la RDC. Il n’est plus seulement le chef de l’Etat du Rwanda, mais également le président en exercice de l’UA. En tant que tel, il a une responsabilité particulière à exercer », poursuit ce haut-fonctionnaire.
Surtout, Paul Kagamé a conscience que, pour son pays comme pour le reste de la sous-région, les inconvénients au maintien de Joseph Kabila au pouvoir à Kinshasa outrepassent désormais de beaucoup les avantages perçus par le passé. « Je vous rassure, nous sommes conscients qu’une RDC en proie à une instabilité sécuritaire et à une économie atone n’est pas dans l’intérêt du Rwanda », confie un haut responsable du Front Patriotique Rwandais (FPR), le parti de Paul Kagamé.
Le président rwandais, qui cherche à redorer son blason à l’international et qui se sait particulièrement exposé en tant que président en exercice de l’UA, a conscience de jouer gros sur le dossier RD congolais. Ses faits, gestes et paroles seront donc tout particulièrement scrutés.