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Retour de Moïse Katumbi en RDC : « c’est comme si un criminel de guerre rentrait à Lubumbashi. L’usage de la violence par les forces de l’ordre est totalement disproportionné » (Lolo Kyungu)

Ce vendredi 3 août au matin, une foule nombreuse se presse en direction de l'aéroport de Luano dans la ville de Lubumbashi pour y accueillir Moïse Katumbi. Elle sera rapidement et violemment dispersé par l'impressionnant dispositif mis en place par les forces de l'ordre @ DR

Alors que Moïse Katumbi tente de rentrer en RDC par la route depuis la Zambie, Lolo Kyungu, l’un des responsables d’Ensemble-Haut-Katanga, dénonce l’extrême brutalité des forces de l’ordre aujourd’hui dans les rues de Lubumbashi et l’attitude « arbitraire » des autorités qui font tout pour empêcher le retour dans son pays de l’opposant, candidat à l’élection présidentielle. Interview.

Où est à l’heure actuelle Moïse Katumbi ? 

Il était en Zambie, en route vers Lubumbashi par voie terrestre, les autorisations de vol lui ayant été refusées en dehors de toute base légale. Selon nos dernières informations, il arrivera au poste frontière de Kasumbalesa dans une heure.

Quelle est la situation en ce moment à Lubumbashi ?

La tension est très vive et la situation confuse. Il y a une très forte présence des forces de l’ordre, des policiers et des éléments des FARDC ainsi que de la Garde Républicaine, et un dispositif sécuritaire sur-dimensionné comme si la ville se préparait à une guerre.

Il y a eu de nombreux tirs de gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles pour tenter de disperser la foule très nombreuse qui commençait à se rendre à l’aéroport pour accueillir Moïse Katumbi. On déplore également beaucoup d’arrestations et de nombreuses violences ont été rapportées. Aujourd’hui, à Lubumbashi, la brutalité des forces de l’ordre est extrême. Il s’agit d’une vraie répression.

Vous même, vous avez été victime de ces violences ?

Effectivement, j’étais juste derrière le président de l’Unadef et coordonnateur d’Ensemble pour le changement (NDLR : regroupement pro-Katumbi) dans le grand Katanga, Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, dans un autre véhicule. Derrière nous encore, se trouvait le général Paulin Kyungu Banza, le commissaire provincial de la police nationale congolaise du Haut-Katanga. Celui-ci m’a demandé de dépasser le véhicule du président Gabriel Kyungu. Nous avons obtempéré C’est alors que le général nous a barré la route, en est descendu avec ses hommes qui ont cassé le pare-prise arrière de notre voiture et ont lancé à l’intérieur du gaz lacrymogène. Nous en sommes aussitôt sortis en suffoquant et c’est alors que le général Kyungu a pulvérisé de ses mains dans mes yeux du gaz lacrymogène. Ses hommes se sont alors acharnés à coup de barres de fer sur le véhicule. Nous nous sommes réfugiés dans la résidence de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza où je me trouve encore à l’heure actuelle.

Comment expliquer l’attitude des autorités de RDC qui déploient de lourds moyens pour entraver le retour de Moïse Katumbi ?

C’est comme si un criminel de guerre rentrait à Lubumbashi. L’usage de la force, je dirais même de la violence, est totalement disproportionnée. De plus, les autorités se contredisent. Elles lancent des mandats d’arrêt, d’amener contre Moïse Katumbi mais voilà qu’il veut rentrer et elles l’en empêchent comme s’il s’agissait d’un étranger, d’un apatride. C’est non seulement illégal mais totalement insensé. En réalité, le régime de Kabila ne veut pas que Moïse Katumbi rentre à Kinshasa parce qu’il en a peur. Il cherche à maquiller son arbitraire avec de pseudo actes juridiques mais cela ne trompe personne. Il ne reste aujourd’hui à ce pouvoir que l’usage de la violence pour tenter de se maintenir. Mais cela ne pourra pas durer.

Pensez-vous que Moïse Katumbi pourra rentrer aujourd’hui en RDC ?

Moïse Katumbi rentrera en RDC parce que c’est son droit. Il est Congolais, il est chez lui ici et il n’a rien à se reprocher. Et c’est ce que souhaite la population. Voilà pourquoi aujourd’hui, on lui tire dessus.