En RDC, la très attendue proposition de loi de Christophe Lutundula sur la réforme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est étudiée article par article à compter de ce jeudi 3 juin en séance plénière par l’Assemblée nationale après avoir été vidée de sa substance en Commission politique, administrative et juridique. Un travail d’élagage dont le grand bénéficiaire est l’UDPS, le parti du président Félix Tshisekedi qui entend bien se positionner en arbitre lors de la prochaine élection présidentielle.
Pendant que la classe politique RD congolaise passe son temps à s’écharper sur la proposition de loi de Noël Tshiani visant à exclure de toutes fonctions électives, y compris celle de président de la République, les candidats dont l’un des deux parents ne serait pas Congolais, texte qui vise en réalité à écarter Moïse Katumbi de la course à la présidentielle, une autre proposition de loi, toute aussi décisive dans la perspective de la présidentielle à venir, poursuit elle tranquillement son bonhomme de chemin à l’Assemblée nationale.
La proposition de loi de Christophe Lutundula (Ensemble) sur la CENI, déposée avant sa nomination au gouvernement comme vice-premier ministre chargé des Affaires étrangères, est étudiée à partir de ce jeudi en séance pléinière par l’Assemblée nationale après être passée sous les fourches Caudines de la Commission politique, administrative et juridique (PAJ) de la première chambre.
« Fourches Caudines », l’expression, en l’espèce, est tout sauf usurpée. Alors que le texte initial de M. Lutundula visait à renforcer l’indépendance de la CENI, un organe essentiel dans l’organisation du processus électoral, en en confiant sa direction à la société civile, la Commission PAJ l’a tout bonnement vidé de sa substance.
Elle propose à la place de répartir la composition de cette instance suivant le poids respectif des partis politiques à l’Assemblée nationale, lui ôtant ainsi toute indépendance. Une alteration du texte initial qui profite au premier chef à l’UDPS, le parti du président Félix Tshisekedi, qui se taille ainsi la part du lion au sein de la CENI.
Ce texte suscite nombre d’inquiétudes au sein de la société civile RD congolaise, mais aussi auprès d’une grande partie de la communauté internationale, qui y voient un mauvais présage dans la perspective de la présidentielle de 2023, d’autant que celui-ci intervient dans un climat pollué par la proposition de loi Tshiani.
« Il y a une continuité entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi »
« La RDC de 2021 ressemble étrangement à celle de 2016. Deux ans avant la date du scrutin présidentiel, on assiste aux mêmes manœuvres. De ce point de vue, on peut dire qu’il y a une continuité entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi », cingle un haut-responsable du Département d’Etat, l’équivalent du ministère des Affaires étrangères aux Etats-Unis, très proche du président Joe Biden, qui assure « suivre » le processus avec « grande attention ».
Après un scrutin chaotique en 2011, puis en 2018, l’Histoire pourrait bien se répéter à nouveau en RDC.