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RDC : Sur RFI et France 24, Félix Tshisekedi cible Moïse Katumbi, son adversaire n°1 pour l’élection présidentielle

En cas d'élection un tant soit peu transparente, beaucoup considèrent Moïse Katumbi comme favori de la présidentielle face à Félix Tshisekedi © DR

Le président RD Congolais sortant, dont le bilan est très critiqué sur le plan sécuritaire, économique et des libertés publiques, a donné une interview aux médias du service public français ce jeudi 16 novembre, à trois jours du début de la campagne officielle pour l’élection présidentielle dont beaucoup doutent qu’elle se tiendra, comme prévu, le 20 décembre prochain.

Ça y est, le match est installé.

Ce jeudi sur RFI et France 24, c’est à Moïse Katumbi, l’ex-gouverneur du Katanga, patron du Tout puissant Mazembe, club le plus titré de RDC et homme politique le plus populaire du pays, que Félix Tshisekedi a réservé ses flèches les plus acérées.

« Je n’ai aucune leçon à recevoir de Moïse Katumbi », a balayé le chef de l’Etat sortant, comme agacé, en réponse à une question d’un des journalistes. Pas un mot, en revanche, sur les autres opposants comme le prix Nobel Denis Mukwege ou Martin Fayulu (que beaucoup soupçonnent d’avoir noué un accord secret avec le « pouvoir »).

Ces flèches, cependant, ont manqué leur cible. Comme lorsque Félix Tshisekedi a soutenu que Moïse Katumbi n’avait construit aucun aéroport à Kolwezi, la capitale du Lualaba, nouvel eldorado minier de la famille Tshisekedi. « C’est totalement faux », s’insurge un ancien ministre provincial du temps où Moïse Katumbi était gouverneur de l’ex-Katanga. « L’aéroport de Kolwezi est opérationnel depuis 2010. C’est Moïse qui a fait construire la piste. Cette piste a permis aux avions gros porteurs d’atterrir et de décoller, ce qui n’avait jamais été le cas auparavant. Elle a permis l’essor de Kolwezi et de tout le Lualaba. Le régime actuel, lui, n’a fait qu’une chose : rénover le hangar attenant », explique cet homme d’un naturel posé et réfléchi.

« Monsieur Tshisekedi nous a habitué à asséner des contrevérités comme des absurdités », tacle un proche conseiller de l’ex-gouverneur du Katanga. « Quand il dit par exemple cette semaine, dans son discours sur l’état de la Nation, que ‘nous avons le choix entre repartir à zéro ou consolider les acquis de cet élan progressif’, c’est totalement grotesque. C’est comme s’il disait : après moi le déluge. C’est la caractéristique de tous les dictateurs […] Dans les Etats modernes, démocratiques, ce sont les concepts d’alternance et de continuité de l’Etat qui prévalent. Deux notions qui sont manifestement étrangères à M. Tshisekedi », raille-t-il.

Si le président sortant a choisi les caméras et les salons feutrés de la Présidence à Kinshasa pour clore sa pré-campagne, Moïse Katumbi était lui, le même jour, sur le terrain. Dans le Maniema, à Kasongo, une foule innombrable s’est massée au Stade Lumumba pour venir écouter celui en qui elle voit « un sauveur », un « homme providentiel ». Puis, comme un symbole, le « Chairman » s’est rendu à Kibombo, le village de Salomon Idi Kalonda, son bras droit et meneur de jeu d’Ensemble, brutalement arrêté le 30 mai dernier pour des raisons politiques et toujours détenu à ce jour malgré un état de santé dégradé. Accompagné du grand frère de Salomon, Moïse Moni Della, Moïse Katumbi s’est recueilli sur la tombe des ancêtres de son plus proche conseiller.

C’est dans deux jours, le 19 novembre, que doit débuter la campagne officielle pour l’élection présidentielle. Le scrutin, lui, est censé se tenir un mois plus tard, le 20 décembre. Cette date sera-t-elle respectée ? « C’est à [Denis Kadima, le président de la CENI] qu’il faut poser la question. A ce stade, nous le Gouvernement, nous n’avons encore reçu aucune indication selon laquelle il n’y aurait pas élection [à cette date] », a prudemment avancé Félix Tshisekedi dans son interview à RFI et France 24, comme pour se dédouaner par avance de toute responsabilité en cas de report.

Un report qui, pour des raisons à la fois techniques et financières, semble de plus en plus probable. La CENI pourrait attendre la dernière semaine, soit entre le 10 et le 15 décembre, pour l’annoncer. Il s’agirait d’un report technique, ne dépassant pas trois mois, période durant laquelle M. Tshisekedi resterait à la Présidence… au mépris de la Constitution.