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RDC : Sa visite à Salomon Kalonda et Jean-Marc Kabund a coûté son poste de président de la CNDH à Paul Nsapu

Paul Nsapu, un défenseur des droits de l'Homme un peu trop sincère aux yeux du président Félix Tshisekedi... © DR

Le 25 juillet dernier, Paul Nsapu avait rendu visite à plusieurs « prisonniers politiques ». Une initiative qui lui a coûté son poste.

C’est ce vendredi 1er septembre, soit à peine plus d’un mois après ses visites – très médiatisées – en prison, que Paul Nsapu a été démis de ses fonctions à la tête de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) par l’assemblée plénière de cet organe dont le degré d’indépendance a toujours été questionné. Celui-ci a été remplacé par Gisèle Kapinga Tumba.

Deux jours plus tôt, dans un courrier daté du 30 août, les cinq commissaires de la CNDH, qui exigeaient sa démission (qu’il ne donnera pas, d’où sa révocation deux jours plus tard), reprochaient à Paul Nsapu la « politisation de l’institution », autrement dit, selon eux, d’« avoir effectué, de (sa) propre initiative des visites motivées dans les prisons de Makala et Ndolo à des prisonniers emblématiques (…) et avoir fait montre d’un manque d’intérêt manifeste à faire la même chose avec les autres détenus. »

Le 13 juillet dernier lors d’une conférence de presse à Bruxelles, Me Alexis Deswaef, l’un des deux avocats belges de Salomon Kalonda (l’autre étant Me Dimitri de Beco), avait déclaré que « le dossier de Salomon Kalonda (serait) un crash test pour la CNDH ». Des propos qui n’ont pas laissé de marbre Paul Nsapu, connu pour être un défenseur sincère des droits de l’Homme.

Moins de deux semaines plus tard, celui-ci s’est rendu dans les prisons de Makala et Ndolo pour s’entretenir avec Jean-Marc Kabund, Mike Mukebayi, Émile Kaseka et Édouard Mwangachuchu et, surtout, Salomon Kalonda, le bras droit de Moïse Katumbi, rival redouté de Félix Tshisekedi pour la prochaine présidentielle. Depuis, Paul Nsapu plaidait pour la libération de « tous les prisonniers politiques en RDC ». Il avait d’ailleurs « décidé de suivre leurs procès pour contribuer à faire éclater la vérité dans ces affaires », avait-il déclaré lors d’un point de presse au lendemain de ses visites en prison.

Des propos qui, selon plusieurs sources, ont rendu « furieux » Félix Tshisekedi qui considère Kalonda Della et Kabund comme ses « ennemis personnels ». C’est d’ailleurs sur ses ordres directs que ceux-ci ont été arrêtés – le premier en août 2022, le second le 30 mai dernier – et sont détenus depuis en violation flagrante de toutes les règles de droit.

Mais Félix Tshisekedi n’en a cure. En RDC, l’Etat de droit n’existe pas. Seul prévaut le fait du prince… pour l’instant.