Jamais ces dernières années un président en exercice de l’Union africaine n’avait été snobé par la Maison Blanche à l’occasion de sa venue à New York pour la traditionnelle assemblée générale des Nations Unies.
Ces cinq dernières années, tous les présidents en exercice de l’Union africaine ont eu droit aux honneurs de la Maison Blanche à l’occasion de leur venue à New York pour l’assemblée générale ordinaire de l’ONU.
Que ce soit Idriss Déby, Idriss Déby en 2016, Alpha Condé en 2017, Paul Kagame en 2018, Abdel Fattah al-Sissi en 2019, tous – à l’exception de Cyril Ramaphosa en 2020 qui n’avait pu être reçu, l’AG de l’ONU s’étant déroulé cette année-là en distanciel en raison de la pandémie de Covid-19 – ont été reçus en tête-à-tête par le président américain ou son / sa vice-président(e).
Tous sauf un : Félix Tshisekedi. Alors que Hakainde Hichilem, « simple » président zambien, a été reçu mardi 21 septembre par la vice-présidente Kamala Harris, de même que son homologue ghanéen Nana Addo Dankwa Akufo-Addo deux jours plus tard, jeudi 23 septembre, Félix Tshisekedi, pourtant président en exercice de l’UA, a, lui, dû se « contenter » jeudi d’une rencontre avec le secrétaire d’Etat américain (équivalent du ministre des Affaires étrangères), Antony Blinken. Et encore, l’échange, qui a été cordial dans la forme mais ferme sur le fond (article à venir), n’a pas eu lieu en tête-à-tête mais de délégation à délégation.
Il faut dire que Félix Tshisekedi, dont l’élection avait suscité beaucoup d’espoir en RDC comme ailleurs dans les capitales étrangères, suscite désormais une forme de lassitude. Pire, un certain agacement. Le changement promis par rapport à son prédécesseur, Joseph Kabila, resté 18 ans au pouvoir (de 2001 à 2019), se fait toujours attendre. Et les « manœuvres », pour reprendre le terme utilisé en off par l’administration Biden, de l’entourage de M. Tshisekedi pour s’assurer un second mandat (verrouillage de la CENI et de la Cour constitutionnelle, volonté de faire glisser le calendrier électorale, proposition de loi Tshiani officieusement soutenue, etc.) ont fini par dissiper les dernières illusions.
« Avant Kabila égale après Kabila ». Ce constat, à l’origine isolé, fait par La Lucha, un mouvement citoyen très actif en RDC, est désormais largement partagé, dans la grande majorité du pays comme dans les chancelleries. A Washington en particulier.