Après une longue hésitation, le président RD Congolais, que l’on dit déjà fatigué après quelques jours seulement de campagne électorale, s’est résolu à prendre l’avion pour tenir son meeting programmé à Kindu, chef-lieu du Maniema. Mais entre les reproches sur la hausse du dollar, les appels à la libération de Salomon Kalonda et les huées qui ont jalonnées son discours, Félix Tshisekedi a, comme lors de ses meetings précédents, été sérieusement malmené.
Ce n’est que tardivement en fin d’après-midi, ce jeudi 23 novembre, que Félix Tshisekedi a pris l’avion pour Kindu, chef-lieu du Maniema, une province de l’est du pays.
La Présidence de RDC a eu à cœur de faire taire les bruits sur le « malaise » qu’aurait eu le président la veille après un meeting à Kisantu, ville située à quelque 120 kilomètres de la capitale, Kinshasa. « Ne pas le faire aurait été dévastateur pour la suite de la campagne », concède une source interne.
Sur une vidéo, qui a largement fait le tour des réseaux sociaux, on voit le président, en nage et manifestement épuisé après son discours, s’affaler lourdement sur sa chaise avant que la personne qui filme (manifestement un membre de son entourage) n’arrête sa caméra.
« Libérez Salomon »
Mais à Kindu, comme lors de ses précédents meetings (Boma, Matadi, etc.), les choses pour Félix Tshisekedi ne se sont pas passées comme il l’aurait espéré. Non seulement la foule n’était pas au rendez-vous, mais elle a profité de la venue du président pour le bousculer.
« Beaucoup de personnes sont venues par obligation comme les fonctionnaires ou pour prendre l’argent qu’on leur a promis. Mais elles ont profité du meeting pour interpeller le président. Elles lui ont rappelé que le taux de change (du dollar contre le franc congolais, NDLR) avait explosé. Elles ont chanté ‘Libérez Salomon’ (le bras droit de Moïse Katumbi, orginaire de la province, arrêté et emprisonné pour des raisons politiques le 30 mai dernier, NDLR). Même la première dame, quand elle a pris la parole, a été chahutée. Quand elle a appelé à voter pour son mari, la foule a répondu : ‘ici, c’est numéro 3, c’est Moïse Katumbi’ », témoigne un confrère journaliste de la presse locale.
Population courageuse
« Je ne m’y attendais pas. C’est d’autant plus courageux de la part de la population que Félix Tshisekedi est un président en fonction venu avec sa Garde républicaine, des éléments nombreux et surarmés qui peuvent impressionner. Mais les Kindois ne se sont pas démontés. Ils ont fait preuve de beaucoup de courage », commente un député provincial pour qui c’est aussi la résultante « d’une très grande lassitude. Les gens sont fatigués après cinq ans de mandat où il ne s’est rien passé. »
Le Maniema, province de l’est du pays où Félix Tshisekedi n’a jamais mis les pieds durant tout son mandat, est le fief politique d’opposants de premier plan à Félix Tshisekedi. C’est le cas d’Augustin Matata Ponyo, l’ancien premier ministre qui vient de rallier Moïse Katumbi, de Salomon Kalonda Della, le bras droit de l’ex-gouverneur du Katanga, mais aussi d’Emmanuel Shadary ou d’Alexis Thambwe Mwamba, tous deux restés proches de l’ex-président Joseph Kabila.
Déplacement à Arusha annulé pour Tshisekedi
Ce vendredi, c’est repos. Pas de meeting pour Félix Tshisekedi. Alors que le président était attendu à Arusha en Tanzanie pour une réunion des chefs d’Etat de l’EAC, il a annulé sa participation. Sans doute le contrecoup de son déplacement forcé hier à Kindu. Son grand rival, Moïse Katumbi, très affûté, poursuivra lui sa campagne. Après Goma hier après-midi, chef-lieu du Nord-Kivu éprouvé par la guerre où il est le premier candidat à la présidentielle à se rendre, l’ex-gouverneur du Katanga, qui continue d’engranger les ralliements (comme celui hier de Jean-Claude Mvuemba, très influent dans le Kongo Central), prendra la direction du Sud-Kivu, à Kamituga dans le territoire de Mwenga.