Toujours détenu à Makala en dépit d’une décision de la Cour de cassation de plus d’un an (jamais exécutée) de le placer en résidence surveillée, l’ex-vice-président de l’Assemblée nationale et président par intérim de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, a comparu ce lundi 7 août à Kinshasa. Très offensif, il en a profité pour faire le procès politique du régime Tshisekedi dont la dérive autoritaire est de plus en plus marquée à quatre mois de la date officielle de l’élection présidentielle.
« Je me suis exprimé comme un candidat président de la République, je me suis exprimé comme président d’un parti politique de l’opposition, je me suis exprimé comme un député national. Ce que j’ai dit contre lui, son père, le feu Étienne Tshisekedi l’a dit contre Mobutu, il l’a dit contre Kabila, lui-même a dit un jour que Mobutu était fou parce qu’on avait empêché le feu docteur Étienne Tshisekedi d’embarquer. Maman Marthe n’a jamais été arrêtée par Mobutu… Mobutu ne l’avait pas arrêté…, l’actuelle première dame n’a jamais été arrêtée par Kabila, mais moi mon épouse été arrêtée et condamnée pour des faits que moi j’ai commis. Kabila n’avait jamais arrêté ma femme », a dénoncé d’une voix ferme et claire l’ex-allié de Félix Tshisekedi.
De fait, jamais sous Mobutu et Kabila le régime s’en était pris aux familles des opposants. « S’en prendre aux familles, c’est inédit. Jamais on avait vu ça en RDC », dénonce un responsable de l’Ecidé, le parti de Martin Fayulu. « Et encore aujourd’hui, il y a les réseaux sociaux. Imaginez ce dont aurait été capable Tshisekedi s’il avait dirigé le pays du temps de Mobutu ou durant les premières années du mandat de Kabila ! ».
Non content de s’en prendre aux opposants directement (Delly Sessanga, Matata Ponyo, Franck Diongo, Salomon Kalonda, Mike Mukebayi, Daniel Safu, etc.), le régime Tshisekedi, c’est sa marque, vise également leurs entourages. Il y a quelques semaines, la mère de Salomon Kalonda, âgée de 85 ans, avait été brutalisée dans sa villa à Lubumbashi à l’occasion d’une « perquisition », ses affaires détruites ou abîmées. Des actes gratuits qui sont faits pour terroriser et adresser un message de menace aux opposants. Peu de temps après, la mère de Salomon Kalonda avait dû être hospitalisée.
« Je demande au peuple de tout mettre en œuvre pour que monsieur Tshisekedi soit mis de côté aux prochaines élections parce que je considère que le pays court un danger avec lui à la tête. Le danger c’est la misère du peuple, c’est l’insécurité à l’Est du pays et à Kinshasa, le banditisme urbain, les enlèvements. Le danger c’est l’absence totale d’un programme de société cohérent, l’absence d’un programme clair au sommet de l’Etat. Tout est fait vaille que vaille. C’est un essai-erreur », a ajouté le président de l’Alliance pour le Changement (A.Ch). « Je suis en droit de le dire et je le répéterai chaque fois que j’aurai la parole », a averti M. Kabund.
Une critique de l’intérieur, dévastatrice pour Félix Tshisekedi, de la part d’un de ses ex-alliés, qui bat en brèche toutes les opérations de communication mises en place récemment pour tenter de redresser à grands frais l’image d’un président jugé « incompétent », « jouisseur » et « dilettante » et qui, longtemps protégé par son allure débonnaire et son patronyme, a fini ces derniers mois par révéler son vrai visage.