Ils devraient exprimer le vif mécontentement de la base katangaise, très remontée après la désignation d’Emmanuel Ramazani Shadary, originaire du Maniema, comme dauphin.
Au Katanga, c’est peu dire que la désignation comme dauphin de l’ex-ministre de l’Intérieur a été mal perçue par la population. Les Katangais du cercle rapproché de Joseph Kabila ont donc été requis ce week-end pour une « opération déminage ».
Hier au domicile d’Albert Yuma, le président de FEC et PCA de la Gecamines, s’est tenue une réunion à laquelle une quarantaine de notables katangais étaient conviés. Pour tenter de défendre auprès d’eux le choix du président, Henri Mova, John Numbi, Ngoy Mulunda, Mbuyu Luyongola, Mbuyu Kabangu, Séraphin Ngwej, Muyej Mangez… mais surtout Kalev Mutond.
L’administrateur général de l’Agence nationale de renseignements (ANR) a pris la parole à de très nombreuses reprises face à des notables katangais, sous pression de leurs bases. Face au sceptiscisme ambiant, le patron de l’ANR a multiplié les arguments pour tenter de les convaincre, leur faisant tour à tour remarquer que les Balu Bakat (tribu de Joseph Kabila) ou encore les Rund (tribu de Moïse Tschombe) étaient présents dans tout l’appareil d’Etat (l’armée et les services de sécurité notamment), qu’ils avaient déjà été largement servis sous les précédents mandats – sous-entendant ainsi qu’ils devraient être reconnaissants – et continueront à l’être sous le prochain.
Selon divers témoins présents à cette réunion, les notables katangais n’en sont guère ressortis convaincus. Cependant, aucun n’aurait véritablement osé faire part à sa véritable hauteur du mécontentement de la base katangaise, vivement exprimé la semaine dernière à travers la mobilisation très forte des mamans, des jeunes (l’UJK notamment), de la fondation kantagaise (un regroupement d’associations socio-culturelles) ou encore des élites traditionnels.
Feront-ils preuve de davantage de courage face à Joseph Kabila ? Ce dernier les a convié cet après-midi dans sa ferme de Kingakati. En attendant, au Katanga, peut-être plus qu’ailleurs dans le pays, la colère gronde face à un processus électoral qui semble décidément bien mal parti.