Les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri font face depuis onze mois à l’épidémie de la maladie à virus Ebola. Mi-juillet, pour la première fois, un homme ayant contracté le virus, a été détecté à Goma, une ville de deux millions d’habitants, avant de décéder au centre de traitement de Butembo. La société civile locale plaide pour une réponse globale, ne traitant pas seulement les conséquences mais aussi les causes de la propagation de l’Ebola.
Par Pacheco Kavundama, notre correspondant à l’est de la RDC
Selon les dernières statistiques du ministère de la Santé publiées le lundi 22 juillet 2019, depuis le déclenchement de l’épidémie, le cumul des cas dans l’est de la RDC est de 2.592, dont 2.498 confirmés et 94 probables. Au total, on dénombre 1.743 décès (1.649 confirmés et 94 probables et 729 personnes guéries).
Pour tenter de faire face à cette menace sanitaire, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le 17 juillet dernier l’épidémie de la maladie à virus Ebola urgence sanitaire de portée internationale. Une décision saluée par la société civile du Nord-Kivu.
Dans une déclaration rendue publique ce mardi 23 juillet 2019 à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, qui vient d’enregistrer son premier cas de décès par Ebola, cette structure citoyenne insiste pour que l’initiative de l’OMS ne se limite pas qu’à mobiliser plus de partenaires mais soit l’occasion d’affiner de nouvelles stratégies plus efficaces devant permettre d’éradiquer rapidement et complètement cette épidémie meurtrière. Selon elle, il ne faut pas se contenter de traiter les conséquences mais aussi les causes, toutes les causes de la propagation de l’Ebola.
« La coordination provinciale de la société civile forces vives du nord Kivu reste convaincue que l’éradication complète de cette maladie requiert non seulement l’adhésion communautaire à la réponse contre Ebola, mais aussi la prise en compte des problèmes qui entravent les actions de santé publique, parmi lesquels l’activisme permanent des groupes armés aussi bien locaux qu’étrangers dans la région, l’absence d’infrastructures routières, la faible abduction en eau potable tant en milieu rural qu’en milieu urbain, l’absence de réseau d’électricité adéquat, la mauvaise gestion de la politique sanitaire », a déclaré John Banyenye, président de la société civile du Nord-Kivu, pour qui Ebola ne peut être vaincu définitivement tant que l’ensemble des problèmes ne seront pas traités.
Un point de vue qui recoupe celui de l’ex-ministre de la Santé qui a démissionné hier. « La crise d’Ebola n’est pas une crise humanitaire. C’est une crise de santé publique qui intervient dans un environnement caractérisé par des problèmes de sécurité, de développement et de carences du système de santé », a fait observer le Dr Oly Ilunga Kalenga dans un communiqué. Celui-ci entendait protester contre la reprise en main de la riposte contre Ebola par la présidence de la République qui a nommé le professeur docteur Muyembe Tamfum, directeur général de l’Institut national de recherche bio-medicale (INRB), à la tête d’un secrétariat technique placé sous sa supervision.
Tout en saluant cette nomination, la société civile du Nord-Kivu a demandé au professeur docteur Muyembe d’installer en urgence son bureau au Nord-Kivu. « C’est en étant sur le terrain, et non dans la capitale Kinshasa, qu’on peut se rendre compte de la réalité et apporter les solutions adéquates », a commenté un membre de la société civile dans la province.