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RDC : La répression des manifestations contre l’insécurité aurait causé trois morts à Oïcha (Nord-Kivu)

La journée ville-morte a été très suivie ce lundi 19 août à Beni. A Oïcha, toujours au Nord-Kivu, les manifestations ont viré au drame : trois morts selon un bilan provisoire © Pacheco Kavundama

Les activités socio-économiques ont été paralysées ce lundi 19 août dans les villes de Butembo et Beni, ainsi que dans le territoire de Beni au Nord-Kivu, en raison d’une série de journées villes-mortes lancées par la « Veranda Mutsanga », un groupe de pression très actif à Butembo. L’objectif : convaincre le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, de se saisir de la situation sécuritaire, très préoccupante, dans l’est de la RDC. A Oïcha, la manifestation a viré au drame.

Par Pacheco Kavundama, notre correspondant à l’est de la RDC

« Nous avons organisé cette activité ville-morte à Butembo, Beni et Oïcha pour appeler le chef de l’Etat à s’impliquer dans la crise sécuritaire qui sévit dans l’est du pays et qui doit être considérée comme une urgence nationale », a déclaré Shafi Musitu, membre du groupe de pression la « Veranda Mutsanga », particulièrement actif dans la ville de Butembo.

Si à Butembo ce mot d’ordre a été suivi, à Oïcha, la journée ville morte s’est transformée en manifestation de colère, violemment réprimée.

« Plutôt que de tirer sur les manifestants, elles feraient mieux de poursuivre ceux qui commentent des massacres »

« Nous condamnons les arrestations arbitraires opérées par les services de sécurité. Nous venons d’enregistrer 20 arrestations en ville de Butembo. A Beni, le mot d’ordre à été respecté mais à Oïcha, nous comptons un mort parmi les manifestants et deux blessés. Nous condamnons cette attitude déplorable des forces de l’ordre qui, au lieu de protéger la population, ne font qu’ajouter à sa souffrance. Plutôt que de tirer sur les manifestants, celles-ci feraient mieux de poursuivre ceux qui commentent des massacres », cingle Shafi Musitu.

Selon d’autres sources, le bilan provisoire de la répression des manifestations à Oïcha serait de trois morts.

Double-peine pour la population

Une triste habitude qui ne fait qu’accroître l’exaspération et la colère de la population qui se voit infliger une sorte de double-peine. « De ce point de vue, rien n’a changé depuis l’investiture de Félix Tshisekedi à la présidence. On est dans la continuité du régime de Joseph Kabila. C’est une catastrophe », déplore le responsable d’une ONG sur place.

Pour les habitants, l’espoir a rapidement laissé place au scepticisme. « Les politiques ne s’intéressent qu’au partage des postes au sein du gouvernement », peste l’un d’entre eux.

Depuis quelques mois, les massacres de civils ont repris de plus belle dans l’est de la RDC.