Martin Fayulu est convoqué lundi prochain au commissariat général de la Police judiciaire à Kinshasa. En RDC, beaucoup craignent le retour du harcèlement de l’opposition qu’ils espéraient voir disparaître avec l’arrivée à la présidence de Félix Tshisekedi.
Le commissaire général adjoint chargé de la police judiciaire, Jean Baelongandi, a convoqué l’opposant Martin Fayulu, président de l’éCIDE, dans ses bureaux au bâtiment du Casier judiciaire à la Gombe (Kinshasa) ce lundi 6 mai « pour des renseignements utiles à me communiquer », explique le courrier très succinct envoyé ce 30 avril (voir photo ci-dessous).
En RDC, beaucoup voient un lien entre ce courrier et la plainte pour « incitation à la haine ethnique » et « massacre des Balubas » déposée quelques jours plus tôt, le 29 avril, auprès du parquet général de la République. D’après son auteur, Jean-Claude Ngoy Lufuluabo, un Luba du Kasaï (la tribu d’origine de Félix Tshisekedi), Martin Fayulu aurait a plusieurs reprises, et encore dimanche dernier lors d’un meeting place Sainte Thérèse dans la commune de Ndjili, appelé la population à la haine tribale et au massacre contre son ethnie (voir photo ci-dessous).
Des accusations balayées d’un revers de la main par l’entourage de Martin Fayulu. Démentant fermement avoir incité, à quelque moment que ce soit, à la haine tribale, celui-ci contre-attaque. « Quid des massacres de nos compatriotes de Bundu Dia Kongo au Kongo Central, des milliers de personnes tuées à Beni ou Butembo au Nord-Kivu, des Enyeles dans l’Equateur et des Kasaiens de Kamuina Nsapu ? », dénonce un proche du président de l’éCIDE qui voit dans cette plainte et la convocation étonnement rapide lancée par le commissariat « une tentative d’intimidation. »
« Si la convocation de M. Fayulu est effectivement liée à cette plainte, la rapidité de la réaction de la justice congolaise serait exceptionnelle », s’inquiète un responsable de l’Asadho, une association de défense des droits de l’Homme en RDC.
Après l’accession à la présidence de la République de Félix Tshisekedi fin janvier dernier, le harcèlement contre l’opposition, une pratique courante – pour ne pas dire systématique – sous son prédécesseur Joseph Kabila, avait semblé cesser, les prisonniers politiques avaient été graciés et libérés et la justice semblait moins sous pression du pouvoir politique, comme en témoignent les décisions favorables à Moïse Katumbi ces dernières semaines dans les dossiers de spoliation d’immeuble et de recrutement de mercenaires (NDLR : tous deux considérés comme des procès politiques).
Cette dynamique vertueuse est-elle en passe d’être rompue ? La RDC va-t-elle renouer avec les vieux démons des procès politiques pour museler l’opposition ? Réponse lundi.