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RDC : La communauté internationale prête à soutenir « sous condition » Félix Tshisekedi

Emmanuel Macron pousse Félix Tshisekedi à s'extraire de la tutelle de Joseph Kabila pour offrir une véritable alternance à la RDC © Twitter/Presidence RDC

Le président français Emmanuel Macron a appelé aujourd’hui le nouveau chef de l’Etat RD congolais à « prendre son autonomie » vis-à-vis de Kabila. Les Etats-Unis, la Belgique et les pays membres de l’Union africaine font le même pari. 

Le président français Emmanuel Macron, actuellement en déplacement en Afrique de l’Est, a appelé son homologue RD congolais Félix Tshisekedi à « prendre son autonomie » vis-à-vis du clan de son prédécesseur Joseph Kabila, a indiqué l’AFP.

Au cours d’une rencontre trilatérale mercredi soir à Nairobi avec le président kényan Uhuru Kenyatta, le chef de l’État français a par ailleurs appelé M. Tshisekedi à « faire des gestes vis-à-vis de l’autre opposition », en l’occurrence l’opposant Martin Fayulu, qui revendique la victoire à la présidentielle de décembre, mais également Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, les deux hommes forts de l’opposition, selon des sources au sein de la présidence française.

La possibilité de former un gouvernement d’ouverture « a également été évoquée » durant la rencontre, ont précisé ces mêmes sources.

« Du point de vue de la France, pas question de réorganiser un scrutin », a indiqué cette source à l’Élysée, en référence aux appels de l’opposition. « On prend acte, mais il (M. Tshisekedi) doit apporter des gages pour prouver qu’il incarne bien l’alternance ».

Position unanime de la communauté internationale

La position française rejoint celle des Etats-Unis (lire notre article à ce sujet), de la Belgique… mais aussi des pays de l’Union africaine (dont le Rwanda où M. Tshisekedi doit se rendre à la fin du mois). Tous, à vrai dire, ont fait le même pari. S’ils ont accepté de fermer les yeux sur le résultat sorti des urnes et de prendre acte de la « victoire » de M. Tshisekedi, c’est en contrepartie d’une alternance réelle et effective, d’ailleurs souhaitée par le peuple congolais qui a massivement rejeté le 30 décembre dernier dans les urnes le dauphin de M. Kabila.

La balle est désormais dans le camps de Félix Tshisekedi. Le nouveau président RD congolais est placé face à une alternative. Rompre l’accord noué avec Joseph Kabila, respecter la volonté populaire d’alternance réelle (et non fictive), auquel cas il pourra bénéficier du soutien de la communauté internationale (qui, rappelons-le, abonde 40 % du budget annuel de l’Etat RD congolais). Ou bien honorer le deal passé avec Joseph Kabila, ce qui ne manquerait pas de rouvrir un cycle de contestation populaire, potentiellement violent, et de lui aliéner définitivement le soutien de la communauté internationale.

L’heure est venue pour Félix Tshisekedi de faire un choix. Placé entre le marteau (la communauté internationale) et l’enclume (Joseph Kabila), le nouveau chef de l’Etat RD congolais ne pourra pas se maintenir très longtemps dans l’ambiguïté.