Le gouverneur du Haut-Katanga compte bien prendre les rênes de l’un des clubs les plus prestigieux de Lubumbashi, jusqu’à présent entre les mains de l’homme d’affaires corse Pascal Beverragi dont les joueurs demandent aujourd’hui à travers une pétitition la démission.
Fin de partie pour Pascal Beverragi en RDC ?
« Nous, joueurs du FC Saint Eloi Lupopo, (…) venons signer cette pétition pour demander sans délai la démission de M. Pascal Beveraggi à la tête du club et demandons à la Linafoot d’autoriser la convocation d’une assemblée générale extraordinaire et élective pour permettre à notre équipe de se choisir un autre président qui pourra garantir la survie du club », indique la pétition datée du 29 mai dernier qui a recueilli la signature de la totalité de l’effectif du club, soit 23 joueurs (voir ci-dessous).
S’en suit, en guise de justification, une série de griefs faits par les joueurs à l’encontre de M. Beveraggi : « non respect des engagements contractuels, non paiement des salaires (à ce jour depuis 4 mois), non paiement des primes de matchs gagnés (à ce jour depuis 4 mois, non paiement des primes de signature pour certains joueurs, abandon total de l’équipe (manque de nourriture dans le local…) ».
Si Jacques Kyabula Katwe, dont le football n’a jamais fait véritablement partie de ses passions, veut prendre les rênes du FC St Eloi Lupopo, c’est parce qu’il sait qu’en RDC, pour se donner une surface politique, la direction d’un club est un passage quasi-obligé. Les personnalités politiques qui, une fois installées, cherchent un club de football à présider pour conforter leur assise positions abondent : Alphonse Ngoy Kasanji (ancien gouverneur du Kasaï-Oriental qui a présidé SM Sanga Balende), Richard Muyej Mangez (gouverneur du Lualaba qui est à la tête de l’AS Simba de Kolwezi) ou encore Zoé Kabila (ancien gouverneur du Tanganyika qui a présidé le Shark FC), etc. Seul Moïse Katumbi a dirigé pendant longtemps un club de football, le TP Mazembe (depuis 1997), avant, dix ans plus tard seulement, d’entrer en politique (en 2006).
Le moment, non plus, n’est pas choisi au hasard. L’actuel gouverneur du Haut-Katanga, un cadre du FCC pro-Kabila, a récemment rejoint l’Union sacrée de Félix Tshisekedi afin de sauver son poste. Mais pour renforcer son assise, il a besoin d’élargir localement sa base partisane au Katanga, un territoire qui reste très largement acquis à… Moïse Katumbi.
D’où sa volonté de prendre la tête du FC Lupopo et, pour ce faire, d’évincer Pascal Beveraggi, l’homme d’affaires corse qui, en 2019, s’était emparé de la présidence du club afin de garantir ses affaires dans la province.
Mais, depuis la débandade du clan Kabila et la perte d’influence de ses ex-puissants parrains (John Numbi aujourd’hui en fuite, Kikaya Bin Karubi…), Beveraggi accumule les déboires. Sur le plan des affaires, la Cour de cassation française confirmant la décision de la Cour d’appel de Paris, puis le tribunal de commerce de Kolwezi donnant l’exequatur ont, coup sur coup ces derniers mois, tranché en faveur de Moïse Katumbi qui a fini, au terme d’un long bras de fer, par récupérer son entreprise MCK qu’avait illégalement tenté de lui subtiliser l’homme d’affaires corse.
Victor Kasongo en embuscade
A cette cuisante défaite sur le terrain judiciaire devrait s’ajouter sans grand suspense, pour Pascal Beveraggi, une autre, tout aussi retentissante, sur le terrain sportif, signant ainsi la fin de son aventure en RDC.
Quant à Jacques Kabuya, les jeux pour lui ne sont pas complétement faits. Il devra faire face à la concurrence d’un vrai connaisseur et passionné du club, Victor Kasongo dit « Président Vicbo » qui a, à plusieurs reprises, dirigé le club. C’est notamment sous son règne que Lupopo s’est pour la dernière fois qualifié pour la Champions league africaine. Les supporteurs des jaunes et bleus s’en souviennent encore.