Les motifs de mécontentements en RDC se multiplient. Après l’exacerbation du conflit dans l’est du pays, les mécontentements face à l’augmentation du coût de la vie, les tensions au Katanga provoquées par l’arrivée massive de jeunes Kasaïens, etc., au tour de la loi électorale de provoquer des crispations. Face au camp Tshisekedi qui tente d’en profiter pour exclure du scrutin présidentiel certains candidats potentiels, dont Moïse Katumbi, les Eglises catholiques et protestantes ont annoncé, à travers leurs branches laïques, la reprise des protestations dans la rue.
Six ans après l’histoire se répète en RDC. En 2016, les Congolais étaient massivement descendus dans la rue pour dire non à un troisième mandat de Joseph Kabila. En 2022, ils s’apprêtent à faire de même pour dire non à la tentative de verrouillage de la loi électorale visant à permettre à Félix Tshisekedi d’effectuer un second mandat à la tête du pays.
Comme en 2016, ce sont les Eglises catholiques et protestantes, à travers leurs branches laïques – en l’espèce, le Bloc patriotique sous la modération du CALCC (Conseil de l’Apostolat des Laïcs catholiques) et du MILAPRO (Ministère des Laïcs protestants) -, qui donnent le là. Samedi 30 avril, celui-ci a rendu publique une déclaration très offensive.
Tshisekedi « cherche à tout prix à se maintenir au pouvoir au moyen de la fraude électorale ou d’un glissement »
Après avoir brossé un tableau apocalyptique de la situation en RDC (manque d’exemplarité dans la gouvernance, vie chère, guerre à l’est, augmentation de l’insécurité, des viols des femmes, corruption à grande échelle, etc.), le Bloc patriotique constate dans sa déclaration « que le pouvoir en place poursuit (…), à travers la violation intentionnelle de la Constitution et des lois, sa funeste posture déclinée sous la forme d’une succession de faits accomplis (Cour constitutionnelle, majorité parlementaire, CENI…), cherchant à tout prix à se maintenir au pouvoir au moyen de la fraude électorale ou d’un glissement ».
Or, souligne-t-il, il est impératif de « doter le pays d’institutions légitimes grâce aux élections de 2023 ».
« Barrer la route au passage en force sur la loi électorale »
Partant, le Bloc patriotique annonce la « reprise des manifestations publiques et pacifiques » pour, entre autres, « obtenir un consensus autour des réformes électorales en vue d’élections libres, inclusives, crédibles, impartiales, transparentes et apaisées dans le délai constitutionnel. « Ce consensus devra », précise-t-il, « être trouvé entre les parties prenantes au processus électoral. »
Un premier sit-in sera organisé ce vendredi 6 mai devant le Palais du peuple, siège de l’Assemblée nationale, fait savoir le Bloc patriotique, qui appelle « la population congolaise à la mobilisation totale pour barrer la route au passage en force sur la loi électorale. »
Fébrilité
Fébrile à l’approche de la prochaine présidentielle, prévue fin 2023, M. Tshisekedi, qui sait ne pouvoir ni compter sur sa base électorale (étriquée et érodée) ni sur un bilan catastrophique (marasme économique, forte augmentation du coût de la vie, construction d’infrastructures à l’arrêt, exacerbation de la guerre dans l’est du pays, etc.), cherche par tous les moyens à se maintenir au pouvoir.
Pour ce faire, son camp entend profiter de la discussion parlementaire sur la nouvelle loi électorale pour faire adopter en catimini, via le député PPRD Nsengi Pululu, en réalité un cheval de Trois de l’UDPS -, un amendement reprenant en substance le contenu de la proposition de « loi Tshiani » dont l’objectif est d’écarter de la course à la présidentielle le dernier gouverner de l’ex-Katanga, Moïse Katumbi, considéré comme le grand favori de ce scrutin (lire notre article).