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RDC : Félix Tshisekedi subit coup sur coup deux revers importants au Parlement

Contrairement à la volonté de l'équipe présidentielle, le Sénat a refusé mardi 15 juin 2021 de lever l'immunité parlementaire d'Augustin Matata Ponyo © DR

Lundi, le projet de loi d’habilitation relatif à l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu, présenté par l’Exécutif, a été retoqué par les députés. Le lendemain, les sénateurs ont refusé, au grand dam de l’entourage présidentiel, de lever l’immunité d’Augustin Matata Ponyo. Deux épisodes qui illustrent la fragilité – et la friabilité – de l’Union sacrée, coalition d’intérêts hétéroclites. 

Alors qu’il avait demandé au Parlement l’autorisation de proroger lui-même chaque quinze l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu afin de lutter contre une insécurité endémique, le chef de l’Etat a dû en rabattre. Les députés ont lundi 14 juin retoqué le projet de loi du gouvernement. Ceux-ci vont conserver leur pouvoir d’évaluer la situation afin éventuellement d’autoriser, à nouveau le président à prolonger l’état de siège.

A ce premier revers, s’est ajouté hier un second.

Mardi 15 juillet au soir, le Sénat a, pour la deuxième fois consécutive, refusé de lever l’immunité de l’ex-premier ministre Augustin Matata Ponyo, aux prises actuellement avec la Justice. Celui-ci est en effet considéré par les proches de Félix Tshisekedi comme un potentiel rival en 2023. Pourtant, le parti présidentiel y avait les moyens. En témoigne la présence de Jean-Marc Kabund y Kabund, président par intérim de l’UDPS et vice-président de l’Assemblée nationale, hier soir au Sénat pour tenter d’influer sur le vote des sénateurs. Peine perdue.

Ces deux épisodes illustrent la fragilité de la coalition parlementaire réunie, de façon opportuniste, sous l’ombrelle de l’Union sacrée autour de Félix Tshisekedi. « Les stratèges autour du président de la République, et au premier chef Jean-Marc Kabund, lui laissent penser qu’il a à sa main une majorité godillot qui vote les textes le doigt sur la couture du pantalon. Or, on constate que ce n’est pas le cas. Chaque député et sénateur se détermine en fonction de ses intérêts du moment », constate un cadre de l’UDPS, canal historique.

Pour lui, ces « déconvenues parlementaires » risquent de « se multiplier à mesure que l’on s’approche de l’élection présidentielle de 2023 ».

En attendant, ces épisodes illustrent la fragilité de l’Union sacrée, coalition d’intérêts hétéroclites, qui, a tout moment, peut se fracturer. Si d’aventure elle était examinée au Parlement, les discussions autour de la proposition de loi dite « Tshiani » devrait en offrir un nouvel exemple, paroxystique cette fois-ci.