Alors que la manifestation, après avoir été une première fois interdite samedi dernier, avait cette fois-ci été autorisée, la police et l’armée, déployées en masse, ont empêché les manifestants de se rassembler ce samedi 20 mai à Kinshasa. Au prix d’une répression brutale qui rappelle les heures les plus sombres du régime de Joseph Kabila.
S’il fallait une énième preuve qu’en RDC, rien n’a changé avec l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, les événements d’aujourd’hui sont tragiquement venus la fournir.
Comme sous Joseph Kabila, dont le régime crépusculaire ne tenait plus à la fin que par la brutalité des forces de l’ordre, celui de Félix Tshisekedi semble emprunter le même chemin.
Ce samedi 20 mai à Kinshasa, le pouvoir RD congolais a fait réprimer, avec un degré de violence qui n’a rien à envier à celui enregistré en 2016-2018, la grande manifestation de l’opposition.
Leaders de l’opposition et manifestants bloqués
Craignant une démonstration de force de l’opposition, le régime de Félix Tshisekedi a fait déployer des milliers de policiers et de militaires pour empêcher que la manifestation de l’opposition, pourtant autorisée par le gouverneur de Kinshasa (Gentiny Ngobila, déjà en poste sous Joseph Kabila qui a rallié depuis Tshisekedi), puisse se dérouler.
Dès le matin, les principaux leaders de l’opposition, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Augustin Matata Ponyo et Dely Sesanga, à l’initiative de cette manifestation destinée à protester contre la vie chère, la guerre à l’est et la perspective d’élections truquées, sont empêchés de se réunir à l’endroit prévu pour le départ du cortège.
Violence inouïe, plusieurs blessés et peut-être davantage
Le même traitement est réservé aux manifestants qui ont commencé à affluer de tous les quartiers de la ville.
Pour exécuter leur besogne, les forces de l’ordre ne vont pas hésiter à user de gaz lacrymogènes, à tirer à balles réelles pour disperser la foule et à brutaliser de façon très violente – et extrêmement choquante – les manifestants (voir cette vidéo), y compris des familles et des enfants (voir cette vidéo). Des ratonnades, impliquant forces de l’ordre et partisans du pouvoir, sont également signalées ça et là.
Plusieurs arrestations d’opposants ont eu lieu, avant même le début de la marche, dont Bienvenu Matumo de La Lucha et un cadre d’Envol, le parti de Martin Fayulu.
Ce dimanche matin, les sources les plus crédibles dénombrent déjà des centaines de blessés, dont plusieurs dans un état grave.
Certaines sources évoquent également des morts. Des vérifications sont en cours en vue d’établir un premier.
Un avant et un après pour Félix Tshisekedi
En attendant, cette manifestation a sans doute fait une autre victime, symbolique celle-ci : Félix Tshisekedi. Pour le président RD congolais, qui clamait en 2019 à qui voulait l’entendre qu’il instaurerait la démocratie en RDC, il y aura un avant et un après 20 mai 2023.
Il vient, d’une part, de rejoindre la longue liste des ex-opposants sur le continent qui, une fois arrivés au pouvoir, se comportent de façon au moins égale à celle de leurs prédécesseurs. D’autre part, de perdre le peu de respectabilité qui lui restait encore. A coup sûr, ce samedi à Kinshasa, Félix a fini de déshonorer Etienne.
PS : cet article est susceptible d’être mis à jour tout au long de la journée