Le bras droit de Moïse Katumbi est toujours contraint à l’exil, en dépit des engagements pris par le président RD congolais au tout début du mois de juillet.
Chaque jour qui passe, le caillou dans la chaussure de Félix Tshisekedi que constitue le passeport bloqué de Salomon Kalonda semble grossir un peu plus et ternir l’image de celui qui prétendait incarner la rupture avec Joseph Kabila, en particulier en matière de décrispation politique, un sujet particulièrement sensible.
« Aujourd’hui, le cas le plus emblématique par excellence, c’est Salomon (Kalonda) », a confié le directeur de cabinet de Moïse Katumbi, Olivier Kamitatu, ce vendredi au micro de Top Congo FM, ajoutant : « Nous pensons que le président Félix Tshisekedi n’a pas besoin de lester son pouvoir d’un poids supplémentaire. Il a déjà d’autres problèmes ».
« Nous devons maintenant tout mettre en œuvre afin que le pouvoir ne puisse pas violer la Constitution et les lois du pays, et qu’on puisse délivrer le passeport qui revient à Salomon, ça fait partie, de nos exigences, ça fait partie de nos préoccupations », a ajouté M. Kamitatu, lors d’un déplacement hier à Kolwezi dans la province du Lualaba où M. Katumbi a reçu un accueil triomphal.
De tous les collaborateurs de M. Katumbi, Salomon Kalonda est le seul à n’avoir pas reçu son passeport congolais pour rentrer au pays après trois ans d’un exil forcé en Europe. Pourtant, « il a fait la capture le même jour que le président [Katumbi]. Nous avons été surpris qu’on ne lui ait pas remis de passeport », rapporte un de ses proches. Une information que nous avons recoupée et vérifiée.
Héritier spirituel de Katumba Mwamke
A Kinshasa, les milieux de pouvoir ne semblent guère surpris par la mésaventure du bras droit du dernier gouverneur de l’ex-Katanga. « Salomon Kalonda est redouté par le pouvoir, l’ancien que le nouveau, car c’est une pièce maîtresse du dispositif Katumbi. C’est un peu l’héritier spirituel de Katumba Mwamke. Les deux hommes ont en commun la même finesse d’analyse, le même souci de discrétion et le même sens de l’organisation », explique un ex-conseiller de Joseph Kabila.
Pourtant, le 2 juillet dernier lors d’une conférence de presse, Félix Tshisekedi avait laissé entrevoir un règlement rapide du dossier. Salomon Idi Kalonda « est congolais. Il a le droit de revenir dans son pays. Contrairement à son leader (Moïse Katumbi), je ne me suis pas occupé de sa situation (…) C’est un jeune frère que je connais. Il m’a été proche un moment donné. Je n’ai rien contre lui. Il peut revenir quand il veut. Çà n’est pas un problème », avait alors déclaré le président RD congolais.
Manque de volonté de la part de M. Tshisekedi
Mais beaucoup doutent de la sincérité de tels propos. C’est le cas de ce haut-diplomate occidental, qui se dit déçu par les premiers mois de la présidence Félix Tshisekedi, en particulier sur le dossier de la décrispation politique. « S’agissant du blocage du passeport de M. Kalonda, qui est devenu un symbole de l’absence de décrispation politique en RDC, le blocage se situe bien au niveau du président de la République et pas ailleurs contrairement à ce que l’on raconte parfois », éclaire-t-il.
« Partant, il y a deux hypothèses. Soit il s’agit d’un manque d’autorité de sa part vis-à-vis des services administratifs. Soit il s’agit d’un manque de volonté et donc, dans ce cas, d’un double langage. Je pencherais pour cette dernière hypothèse. Tout le monde sait que, depuis l’épisode de Genève en novembre dernier, Félix Tshisekedi a une dent contre Salomon Kalonda dont il redoute l’influence auprès de M. Katumbi », explique ce haut-diplomate, très expérimenté.