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RDC : face à la montée de l’insécurité, les femmes de Beni pointent du doigt l’inefficacité de la Monusco et lui lancent un ultimatum

La représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en RDC et chef de la Monusco, Leila Zerrougui, directement interpellée par les femmes de Beni qui protestent contre l'inefficacité de la force onusienne à endiguer la violence dans cette localité du Nord-Kivu © Monusco – Twitter

Le climat reste très tendu dans la ville martyre de Beni, dans le Nord-Kivu, après plusieurs jours marqués par des incursions et de nouveaux massacres de civils imputés aux rebelles ougandais de l’ADF.

Par Augustin Mosange, l’un de nos correspondants dans le Nord-Kivu 

Les marches et sit-in se sont multipliés ces derniers jours dans la ville de Beni, malgré le fait qu’ils soient souvent violemment réprimés par les services de sécurités. La semaine dernière, les élèves du centre scolaire Beni Paida, où des rebelles avaient attaqués l’état major des FARDC, ont été dispersés avec des bombes lacrymogènes alors que ceux-ci descendaient pacifiquement dans la rue pour protester contre le regain de violence.

Les femmes et filles de Beni, ont, elles, choisi de s’adresser directement à la Monusco. Dans un message reflétant leur colère, elles ont posé une série de questions à la mission onusienne (lire ci-dessous *) avant de lui lancer un ultimatum. Elles demandent en effet à la Monusco de mettre en oeuvre la résolution 1343 qui lui donne l’autorisation d’imposer aux rebelles, y compris par les armes, un cessez le feu.
A la Monusco : comment jugez-vous votre bilan à Beni ?
Depuis octobre 2014, on estime à plus de 2 500 le nombre de civils tués à Beni (ville et territoire). Des massacres systématiquement imputés aux « présumés ADF », suivant la dénomination officielle. Reste que beaucoup pointent du doigt la passivité, voire la complicité en certains endroits, des FARDC. La Monusco, quant à elle, n’est pas non plus épargnée. Malgré un effectif pléthorique et des moyens conséquents, elle s’est révélée totalement incapable d’améliorer ne fut-ce qu’un peu la situation sécuritaire.
* NB :
Voici quelques questions posées par les femmes et filles de Beni à la Monusco :
 -Combien de massacres, combien de morts attendez-vous pour agir ?
– Nos enfants kidnappés sont encore dans la brousse. Que fait l’UNICEF ?
 -Les rebelles sont dans le parc de Mayangose, qui fait partie du parc national des Virunga, qui fait partie du patrimoine mondial. Est-ce normal ?
-70 après la déclaration des droits de l’Homme, comment jugez-vous votre bilan à Beni ?
– Pourquoi n’autorisez-vous pas la FIB à attaquer directement les rebelles ?
 – Quels mécanismes avez-vous mis en place pour stopper le ravitaillement en armes de ces rebelles ?
Et ces femmes et ces filles de conclure en lançant cette harangue à la force onusienne stationnée à Beni :
 – Nous ne voulons plus voir vos chars de combat et vos hélicoptères sillonner la ville plutôt que d’aller traquer les rebelles. Sinon, pliez bagages !