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RDC : En près de 50 ans, la production de café s’est effondrée

La production de café-cacao s'est effondrée en RDC en l'espace de 50 ans © Pacheco Kavundama

De 120 000 tonnes par an en 1970, le pays n’exporte plus aujourd’hui que 11 000 tonnes. En cause notamment, l’absence de politiques de soutien de la filière, ainsi que l’instabilité dans certaines provinces.

Par Pacheco Kavundama, notre correspondant à l’est de la RDC 

La production de café a nettement baissé en République démocratique du Congo. En 1970, le pays exportait 120 000 tonnes par an ; aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 11 000 tonnes, soit moins de 10 % de la production d’il y a une cinquantaine d’années.

Ces chiffres catastrophiques devraient provoquer un sursaut, selon le président du conseil d’administration des réseaux de coopératives de producteurs de café de la RDC, Gilbert Makelele. « Nous sommes entrain de travailler pour redorer l’image du café congolais sur le plan international », dit-il.

Cette baisse de la production de café s’explique, d’après lui, par quatre facteurs principaux. « D’abord, la chute brutale du prix sur le marché international ; ensuite, la politique de zaïrianisation (nationalisation) qui a fait fuir les investisseurs sans que des mesures d’accompagnement aient été prises ; également, l’instabilité politique en RDC ; enfin, l’absence de politiques de soutien de la filière », avance Gilbert Makelele.

Ces explications ont été données en marge de la célébration le 1er octobre dernier de la journée internationale du café. A cette occasion, la ministre provinciale de l’Agriculture du Nord-Kivu, Pélagie Kabano a, de son côté, listé les défis à relever pour revaloriser le secteur du café.

« Parmi ces défis, il y a le manque de financement du secteur du café, le manque d’encadrement, l’insécurité dans les zones de production agricole, le manque d’infrastructures adéquates ou encore l’exportation illégale des produits vers les pays voisins », a indiqué la ministre de l’Agriculture.

Pour redresser la filière, les producteurs de café plaident pour les respect des lois qui sont censées la régir. A commencer par la loi agricole qui n’est pas appliquée malgré sa promulgation le 24 décembre 2011. « Cette loi devait entrer en vigueur en juin 2012. Mais, huit ans après, la plupart de ses dispositions ne sont appliquées. Seules deux le sont », déplore le PCA des réseaux des coopératives de production du café de la RDC. « Il faut que les députés nationaux fassent le suivi de la mise en oeuvre effective de cette loi auprès du gouvernement », plaide-t-il.

Auprès du ministère des Finances, les producteurs de café plaident de longue date pour la création d’une banque agricole. « Comment expliquer qu’un pays grand comme la RDC, avec un potentiel agricole aussi important, ne dispose pas d’une banque agricole ? Les producteurs ont besoin d’un fonds de garantie dans leur relation avec les banques commerciales. Car, quand nous sollicitons des crédits auprès de ces banques, elles ne veulent pas prêter parce qu’elles disent qu’il n’y a pas de fonds de garantie. Du coup, ce sont les pays voisins qui assurent, à leurs conditions, le pré-financement des récoltes, ce qui n’est pas satisfaisant. Voilà pourquoi le gouvernement doit mettre en place un tel système pour développer l’activité agricole, considérée comme risquée par les établissements bancaires », explique M. Makelele.

Enfin, il convient, selon lui, de relancer la construction de routes. « Nous n’avons pas suffisamment de routes. Et celles que nous avons sont à réhabiliter, qu’il s’agisse des routes nationales, provinciales ou de desserte agricole. Si vous faites cela, les jeunes qui sont dans les groupes armés les quitteront pour travailler dans l’agriculture », veut croire. Gilbert Makelele.

C’est à ces conditions (application effective de la loi agricole, mise en place d’un fonds de garantie, construction de routes, accompagnement et structuration de la filière) que le secteur du café congolais retrouvera les niveaux historiques de production qu’il a connu il y a 50 ans déjà. « Nous avons la technique, le savoir-faire, nous avons la terre. Ce qu’il faut maintenant, c’est la volonté politique pour structurer la filière et débloquer les financements nécessaires », assure le PCA des réseaux des coopératives de production du café de la RDC. « Le marché international est très exigeant. Nous avons besoin d’un accompagnement du gouvernement pour relancer la production et faire en sorte que le café congolais soit compétitif au niveau international », insiste-t-il en conclusion tout en remerciant le travail de certaines ONG, dont Rikolto, au Nord et au Sud-Kivu.