Homme discret connu pour son efficacité et son sens de l’organisation, Salomon Idi Kalonda Della a été brutalement interpellé ce mardi 30 mai 2023 sur le tarmac de l’aéroport de Ndjili/Kinshasa par des éléments de la Garde républicaine. L’ordre de l’arrêter a été donné le 21 mai dernier par Félix Tshisekedi, le président RD congolais qui est prêt à tout pour conserver le pouvoir. Au risque de plonger le pays dans le chaos.
Les images vidéos témoignent de la brutalité avec laquelle Salomon Idi Kalonda Della a été arrêté ce mardi 20 mai sur le tarmac de l’aéroport de Ndjili/Kinshasa alors qu’il s’apprêtait à rentrer à Lubumbashi après un séjour d’un mois dans la capitale RD congolaise.
Aussitôt, Moïse Katumbi, dont il est le bras droit, a dénoncé « une arrestation arbitraire et illégale », doublée d’« un enlèvement crapuleux » sans « aucune base juridique ». Il n’est pas le seul. Toute la journée, les messages d’indignation et de condamnation se sont succédés à un rythme effréné sur les réseaux sociaux.
Prévisible
Cette arrestation, Salomon Kalonda s’y attendait. Une source au sein de la Présidence l’avait alerté le 21 mai dernier, soit un jour après exactement la marche de l’opposition violemment réprimée par le pouvoir. « Le président a donné l’ordre de t’arrêter. Il ne veut rien entendre à ce sujet », indiquait la source.
A l’origine, l’arrestation du conseiller spécial de Moïse Katumi aurait dû intervenir jeudi dernier, lors du sit-in prévu par l’opposition devant la CENI (lire notre article). Prudent, l’intéressé, qui se trouve d’habitude toujours aux côtés de Moïse Katumbi, ne s’était cette fois-ci pas rendu à la manifestation.
Fragiliser l’opposition
La seule occasion qu’il restait au pouvoir de mettre la main sur « SK » comme il est surnommé, avant qu’il ne rentre à Lubumbashi, le fief de Moïse Katumbi, c’était donc ce mardi sur le tarmac de l’aéroport de Kinshasa. Ce sont les éléments de la Garde républicaine, la garde prétorienne de Félix Tshisekedi, qui se sont chargés de la besogne. Une quinzaine lourdement armés. Certains en tenue militaire, d’autres en civil.
A travers cette arrestation, l’objectif du régime de Kinshasa est clair : « fragiliser les principales figures de l’opposition en vue de la présidentielle en neutralisant les hommes clés dans leur entourage car eux sont quasiment intouchables », nous expliquait il y a quelques jours une source au sein des services de renseignement (lire notre article).
Héritier d’Augustin Katumba Mwanke et meneur de jeu
Souvent comparé à feu Augustin Katumba Mwanke pour sa finesse d’analyse et son sens stratégique (que Félix Thisekedi connait et redoute), Salomon Kalonda savait qu’il était le numéro un sur la liste. « Salomon (Kalonda) est un fin stratège. C’est pourquoi Félix Tshisekedi, qui connait ses qualités pour l’avoir assidument fréquenté entre 2016 et 2018 quand ils combattaient ensemble le régime de Joseph Kabila, cherche à le neutraliser », explique un ancien ministre qui connait intimement les deux hommes.
« Salomon dans une équipe de football, c’est le meneur de jeu. Le numéro 10. C’est lui qui organise le jeu. Quand il n’est plus là, l’équipe n’a plus le même rendement », commente un ministre européen, toujours en poste, qui le connait bien. « C’est un coup très rude pour l’opposition. »
D’autres sources, toutes concordantes, insistent sur la dimension personnelle dans cette affaire. « Les messages postés sur les réseaux sociaux par Salomon Kalonda, rappelant notamment comment Moïse Katumbi avait bien traité Etienne Tshisekedi quand il était gouverneur, ont particulièrement vexé le président. Celui-ci ne supporte pas d’être comparé à son père. »
Crainte d’empoisonnement
Ce soir, l’entourage de Salomon Kalonda craint pour sa vie. Celui-ci aurait été amené au siège de la Demiap à Kinshasa. Son frère Moïse Moni Della, un compagnon de route d’Etienne Tshisekedi, s’y est rendu, comme ses avocats. Mais personne n’a pu le voir, ni lui parler. Sur place, les agents ont refusé de prendre la nourriture qui lui a été apportée par sa famille, tout comme les médicaments qu’il doit prendre quotidiennement.
« J’ai moi-même été en prison. Je connais comment les choses se passent. On affame et on assoiffe les prisonniers pour les obliger à manger ce que les agents donnent. Et là, c’est l’empoisonnement », s’inquiète Moïse Moni Della. L’homme sait de quoi il parle. Sous les régimes précédents, il a effectué plusieurs séjours en prison en raison de son engagement du côté de l’opposition.
Cette crainte est-elle avérée ou exagérée ? Félix Tshisekedi, en pleine dérive répressive, a montré ces derniers jours qu’il était capable de tout. Y compris des pires ignominies.