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RDC : Après l’attaque du cortège de Salomon Kalonda à Kindu, les proches de Félix Tshisekedi, craignant d’être mis en cause, bloquent la procédure judiciaire

C'est à Kindu, chef-lieu du Maniéma, le 17 février dernier que les premières violences liées aux élections de 2023 en RDC ont eu lieu © DR

Le 17 février dernier à Kindu, au Maniema, alors que Salomon Idi Kalonda Della, bras droit de Moïse Katumbi, était en route pour se faire enrôler, son cortège avait été violemment attaqué durant plusieurs heures par une centaine de « jeunes » armés de machettes et de pierres. Bilan : un mort et plus d’une centaine de blessés. L’affaire a connu cette semaine son premier développement judiciaire. Malgré les tentatives de blocage de la part du pouvoir, les choses pourraient ne pas en rester là.

L’Histoire retiendra que c’est ici, à Kindu, chef-lieu du Maniema, que les violences liées aux élections censées se tenir fin 2023 en RDC ont débuté.

Ce jour-là, vendredi 17 février, Salomon Idi Kalonda Della, délégué général et haut-représentant dans le Grand Kivu d’Ensemble, le parti de Moïse Katumbi, est en route vers le centre d’enrôlement de l’EP Mamboleo au quartier Basoko dans la commune de Kasuku. Il est accompagné par une foule de plusieurs milliers de personnes.

Ce devait être un jour de fête. Les événements vont virer à la tragédie. Vers 11 heures du matin, à l’approche de l’ « Hôtel de Shadary », alors qu’ils sont en route vers le centre d’identification, les partisans de Salomon Kalonda sont violemment pris à partie par un groupe d’une centaine de jeunes armés de machettes et de pierres. Ce n’est que six heures plus tard que les services de sécurité interviendront pour rétablir un semblant d’ordre. Entre temps, une centaine de blessés sont laissés sur le carreau. Un mort aussi : Nyoka Longo, âgé d’à peine une vingtaine d’années.

Un mois plus tard, après qu’une plainte a été déposée par les familles des blessés, cette tragédie vient de connaitre son premier développement judiciaire significatif. Le chargé de sécurité auprès du Gouverneur du Maniema, un certain Issa Coco, a été arrêté mardi 7 mars et incarcéré à la prison centrale de Kindu. Il fait partie des quinze personnes interpellées à ce jour dans ce dossier.

D’après les premières constatations de l’enquête, ces quatorze jeunes, qui représentent à peine 10 % du groupe d’assaillants, ont reçu de l’argent pour attaquer le cortège de Salomon Kalonda. « Ces gens-là ont certes du sang sur les mains. Mais ils ne sont que des exécutants. Ils ont été, tout le monde le sait ici, instrumentalisés », explique un député provincial.

Mais pour les familles des victimes, pas question de faire payer des lampistes. « Nous voulons que les commanditaires, qui sont les véritables criminels, soient traduits en justice et condamnés », prévient l’oncle d’une étudiante gravement blessée à la machette le 17 février dernier. « Les gens au pouvoir disent que nous sommes dans un Etat de droit. Nous verrons si c’est bien le cas. Car il y a bien des responsables. Et ces responsables doivent payer », lance-t-il comme un défi avec une pointe de scepticisme.

Commanditaire(s) et mobile

Commanditaire(s) ? Tous les regards se tournent vers Afani Idrissa Mangala, le gouverneur intérimaire du Maniema. Selon les premières investigations de deux ONG, l’une locale l’autre internationale, c’est lui qui serait à l’origine de cette attaque menée, selon les investigations de ces ONG, « avec l’aval de ses supérieurs à Kinshasa ».

Reste à en connaître le mobile. Celui-ci nous est livré par un notable de la province. « Le gouverneur intérimaire du Maniema voudrait bien être candidat à la députation nationale sur l’un des deux sièges à Kindu. Or, ses chances de se faire élire sont minces car il est membre de l’Union sacrée, la coalition de M. Tshisekedi qui est très impopulaire ici comme partout ailleurs dans l’est du pays. Et, politiquement, sur le plan local, il est isolé (…) M. Idrissa voit l’arrivée de M. Salomon, qui pourrait se présenter aux élections législatives, comme un véritable danger pour sa carrière politique. C’est pour ça qu’il a voulu le dissuader et dissuader ses partisans », explique le notable.

Justice politisée et instrumentalisée

La Justice congolaise, que l’on sait politiquement caporalisée et instrumentalisée, fera-t-elle toute la lumière sur le drame du 17 février à Kindu ? Compte tenu de l’attention qu’il suscite, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Congo, elle pourrait bien y être forcée. En attendant, les proches de Félix Tshisekedi, craignant d’être mis en cause dans ce dossier, ont fait bloquer le dossier. Pour combien de temps ?