Parce qu’elle détient les PV authentiques de la totalité des bureaux de vote ouverts le jour de l’élection et qu’elle est fermement décidé à ne pas taire la vérité des urnes, la Conférence épiscopale nationale du Congo est l’objet de critiques virulentes de la part des deux probables grands perdants de l’élection présidentielle du 30 décembre, le camp du pouvoir emmené par Emmanuel Ramazani Shadary et la coalition Cach conduite par Félix Tshisekedi.
En RDC, la CENCO détient la vérité des urnes. Et cela ne plait pas aux deux grands perdants de l’élection présidentielle, le Front Commun du Congo, la plate-forme de la majorité, et la coalition Cach, conduite par Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, qui mènent d’ailleurs des tractations pour tenter de changer l’eau en vin. Le premier n’aurait réuni que 7 à 9 % des suffrages, contre 20 à 25 % pour le second, loin derrière l’opposant Martin Fayulu qui serait crédité de 58 à 62 % des voix.
C’est ainsi que, depuis plusieurs jours, la Conférence épiscopale nationale du Congo est l’objet d’une campagne de dénigrement systématique. « Nous ne sommes pas au Vatican, ici. Nous sommes au Congo. Et il y a une loi qui détermine comment les choses se font », a déclaré ce weekend sur un ton très véhément Lambert Mende, le ministre de la Communication et porte-parole du FCC.
Dans une interview parue dimanche 6 janvier dans le quotidien belge Le Soir, Félix Tshisekedi ne dit pas autre chose. « La CENCO a peut-être fait une erreur de communication. Lamuka en a profité et cela pousse les gens aux extrêmes », a-t-il affirmé. A l’inverse, le président de l’UDPS ne tarit désormais plus d’éloges à l’égard de la CENI, une institution qu’il couvrait de boue il y a encore quelques mois.
Sur les réseaux sociaux, il est piquant désormais de constater que les partisans du président de l’UDPS et ceux de l’UNC (Vital Kamerhe étant le directeur de campagne de M. Tshisekedi) s’en prennent désormais de façon parfois virulentes, souvent insidieuses, à la CENCO. Une manière de tenter de décrédibiliser cette institution pour espérer rendre moins audible le message qu’elle aura à délivrer le moment venu.
Reste que les faits, comme la vérité sont têtus. La CENCO, qui incarne l’autorité hiérarchique de l’Eglise catholique en RDC, est l’institution la plus respectée. A l’extérieur, au sein de la communauté internationale, à l’exception de prises de position très marginales et orientées, elle est considérée comme la seule source d’information digne de foi. En clair, les résultats qu’elle détient sont considérés comme les seuls crédibles alors que la CENI, l’organe officiel, concentre, elle, toutes les suspicions en raison de sa trop grande proximité avec le pouvoir.
D’autant que la CENCO a, à l’occasion de ces élections, déployée la plus importante mission d’observation, constituée de 40 000 personnes. Ses adversaires tentent toutefois d’en minorer l’importance en soutenant qu’au fond, la CENCO n’aurait observé « que » 39 082 sur les 74 000 ouverts le jour du scrutin (au passage, la moitié de ces bureaux de vote ont été accueillis dans des écoles catholiques conventionnées dont le nombre s’élève à 42 337 dans le pays). Volontairement ou non, ils omettent toutefois de mentionner un petit détail : la CENCO, dont le dispositif de remontées des résultats a été particulièrement efficace (ayant prévu une possible coupure d’internet, elle s’était dotée d’un réseau de transmission par satellite), dispose de la totalité des PV authentiques affichés sur les bureaux de vote après le décompte effectués.
Pour la majorité et ses alliés, c’est là que le bât blesse. C’est en effet le plus souvent, dans les détails que se glisse le diable…