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RDC : A Kindu, chef-lieu de la province d’origine de son bras droit Salomon Kalonda, Moïse Katumbi fait une démonstration de force

Moïse Katumbi s'adressant à une foule impressionnante de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Bunia. Aucun homme politique n'est capable de mobiliser autant, a fortiori dans cette partie-là du pays © DR

C’est une marée humaine, comme on n’en avait jamais vu, qui s’est abattue hier sur la capitale du Maniema, dernière étape de la seconde phase de la tournée de l’opposant dans l’est du pays. 

Par Pacheco Kavundama, notre correspondant à l’est de la RDC (avec Adrien Seyes)

Impressionnante. Tout simplement impressionnante. Il n’y a pas d’autre terme pour qualifier la mobilisation populaire ce samedi 2 novembre à Kindu, chef-lieu du Maniema, où Moïse katumbi bouclait la dernière étape de la deuxième phase de sa tournée nationale qui l’a conduit, depuis samedi dernier, successivement à Goma, Beni et Butembo dans le Nord-Kivu, puis à Bukavu dans le Sud-Kivu et à Bunia dans l’Ituri, avant d’arriver dans le Maniema.

Ici, quelques drapeaux, signes de la présence de militants de partis politiques, mais surtout des gens. Beaucoup de gens. Des dizaines de milliers de personnes venues écouter celui qu’ils considèrent comme leur véritable leader politique. « Jamais, de mémoire d’homme, on avait vu une telle mobilisation ici », commente un confrère journaliste venu couvrir ce qu’il considère comme « l’événement de l’année»

De l’aéroport, où une foule très dense de jeunes gens l’attendait déjà ce samedi matin, Moïse katumbi s’est dirigé à pied dans le centre de Kindu où une tribune avait été dressée pour qu’il s’adresse à la population.

Le président de la plateforme d’opposition Ensemble pour le changement a, dans son discours, dénoncé le manque d’emploi des jeunes, les tracasseries policières, le délabrement des routes ou encore la corruption. Des maux qui rongent la société congolaise dans son ensemble depuis plusieurs décennies sans qu’il y soit apporté de solutions. Et ça n’est pas l’élection de Félix Tshisekedi, littéralement offerte par Joseph Kabila, qui y a changé quoi que ce soit. Ici, l’espoir né de l’investiture de M. Tshisekedi à la présidence de la République en janvier dernier a fait place au fil des mois au scepticisme et à la déception.

M. Katumbi a ensuite donné longuement la parole à la population, comme il l’a fait lors de chacune des étapes précédentes de sa tournée, pour qu’elle exprime ses préoccupations.

Pour la majorité kabiliste, qui domine les institutions en RDC, l’image d’une telle mobilisation populaire à Kindu sonne comme un camouflet. D’autant qu’il s’agit de la ville du deuxième personnage de l’Etat, le président du Sénat et homme lige de Joseph Kabila, Alexis Thambwe Mwamba, celui-là même qui, ces dernières années, n’avait eu de cesse d’instrumentaliser la justice afin d’écarter Moïse Katumbi de la course à l’élection présidentielle. Au regard des images de cette foule compacte qui s’est donnée rendez-vous ce samedi, on comprend aisément pourquoi…

Il faut dire que le Maniema est aussi la province d’origine du bras droit de M. Katumbi, Salomon Idi Kalonda, qui a fait son retour samedi dernier en RDC après plus de trois ans d’exil. L’homme, aussi discret qu’efficace, est réputé pour ses talents d’organisateur et sa capacité à mobiliser. « C’est le véritable meneur de jeu de l’équipe. Quand il n’est pas là, nous n’avons pas collectivement le même rendement », concède à travers une métaphore footballistique un responsable du MS, le parti de Pierre Lumbi, qui soutient Moïse Katumbi.

Salomon Idi Kalonda, le bras droit de Moïse Katumbi (en chemise rose au centre). Originaire du Maniema, il a été adopté depuis par les Lushois. En tant que dirigeant du TP Mazembe, il est lui-aussi très populaire dans chef-lieu du Haut-Katanga © DR

Salomon Kalonda est par ailleurs le président du PND, le deuxième parti d’opposition, juste derrière le MS, à avoir le plus de députés à l’Assemblée nationale. Son assise est véritablement nationale puisque ses élus proviennent non pas de quelques provinces, comme souvent pour les partis politiques RD congolais, mais des quatre coins du pays. Comme un symbole, c’est dans la maison familiale de Salomon Idi Kalonda que Moïse Katumbi a conclu cette journée, y esquissant quelques pas de danse à l’occasion d’une cérémonie.

C’est ainsi que s’est achevée la dernière étape de la seconde partie de la tournée de Moïse Katumbi dans l’est de la RDC. L’opposant s’était rendu il y a quelques mois (entre mai et juillet derniers) dans les différentes provinces du Grand-Katanga. Il devrait, « dans les prochaines semaines ou les prochains mois », selon son entourage, faire une tournée dans l’Ouest du pays dont le point de chute serait la capitale, Kinshasa.
En attendant, Moïse Katumbi est attendu ce dimanche dans son fief de Lubumbashi.