Dans la nuit du jeudi 31 mai au vendredi 1er juin vers une heure du matin dans le centre ville de Lubumbashi, le siège du Parti National pour la Démocratie et le Développement (PND), une formation de l’opposition, a été vandalisé et incendié. Un événement qui intervient quelques heures seulement après l’arrivée de Joseph Kabila dans la capitale du Haut-Katanga.
C’est une scène de guerre. Le siège du PND, une formation politique dirigée par deux proches de Moïse Katumbi, Salomon Kalonda (qui est son bras droit) et Christian Momat (le secrétaire général du PND), a été attaqué dans la nuit du jeudi 31 mai au vendredi 1er juin vers une heure du matin. Des témoins ont également entendu des coups de feu. Aucune victime n’est à déplorer mais les dégâts matériels sont importants, le feu ayant ravagé une bonne partie du local.
Grosse colère de Joseph Kabila
On en sait désormais un peu plus sur cet incident. Une source sécuritaire à Lubumbashi confie que Joseph Kabila aurait piqué une « grosse colère » lorsqu’il est passé avec son cortège à cet endroit-là et voyant sous ses yeux un grand dessin à l’effigie de Moïse Katumbi, le dernier gouverneur du Katanga, qu’il considère comme son ennemi politique numéro un. « Quelques heures plus tard, des jeunes revêtus de polos à l’effigie de Joseph Kabila, probablement issus du PPRD, et encadrés par des militaires en uniforme circulant à bord de jeeps se sont rendus en direction du siège du PND dont le mur est dessiné avec le portrait de M. Katumbi », indique plusieurs voisins qui se sont rapidement retranchés chez eux après que les soldats aient tiré en l’air afin d’éviter toute présence de témoins.
Réagissant à cet acte sur son compte Twitter, Salomon Kalonda fait mine de s’interroger sur la « coïncidence » pour le moins surprenante entre ces deux événements (l’arrivée de Joseph Kabila à Lubumbashi et cet incident). Il faut dire que le siège du PND se situe à deux cents mètre à peine du Gouvernorat du Haut-Katanga et à environ 150 mètres seulement de la résidence officielle de Joseph Kabila. « A cet endroit-là, la présence des forces de l’ordre est massive. On ne peut pas circuler sans être vu ou contrôlé. Comment, dans ces conditions, peut-on incendier un bâtiment situé à proximité et tirer des coups de feu sans être aussitôt appréhendé », s’interroge, incrédule, un député provincial. « C’est proprement impossible », conclut-il.
En attendant hypothétiquement d’y voir plus clair, cet acte est révélateur du climat de violence politique qui existe à l’intérieur du pays, en particulier dans l’ex-Katanga, ainsi que sur le sort peu enviable de l’opposition qui fait l’objet en République Démocratique du Congo d’une farouche répression de la part du pouvoir.