Par une série de déclarations, les Etats-Unis ont prévenu ces derniers jours Joseph Kabila qu’elles ne se satisferont pas, tout comme le reste de la communauté internationale, d’une demi-élection présidentielle en RDC. Explication.
Il y a d’abord eu, jeudi 26 juillet les déclarations de l’ambassadeur américain, Jonathan Cohen, devant le Conseil de sécurité de l’ONU. « Nous attendons du président Kabila qu’il respecte la Constitution, il n’est pas éligible pour un troisième mandat selon la loi congolaise. Les Etats-Unis regrettent que le président Kabila n’ait pas saisi l’opportunité de son discours du 19 juillet pour clarifier ses intentions. La population congolaise attend depuis presque deux ans, le président Kabila a promis de respecter la Constitution et l’accord de la Saint-Sylvestre. On est à cinq mois des élections. Le temps de la gesticulation est terminé », avait déclaré passablement agacé l’adjoint de Nikki Haley.
Ces déclarations interviennent un mois, presque jour pour jour, après la présentation d’un projet de loi, le 25 juin dernier (bizarrement passé à ce stade inaperçu…) qui prévoit une série de sanctions en cas de non respect de l’accord de la Saint-Sylvestre à l’occasion des élections en RDC. La différence avec les fois précédentes est que, cette fois-ci, lesdites sanctions toucheront directement Joseph Kabila.
Enfin, plusieurs déclarations de personnalités influentes de la diplomatie américaine ont alerté sur le risque de déraillement du processus électoral en RDC, à l’instar de John Kerry. Dans un tweet daté du mercredi 1er août dans lequel il relaie un article du Washington Post, l’ex-secrétaire d’Etat et vice-président de Barack Obama a rappelé la nécessité d’élections libres, inclusives, crédibles et respectant le calendrier fixé. Un message on-ne-peut-plus clair.
De ces prises de positions multiples, il ressort à chaque fois le même message. Les Etats-Unis ne se satisferont pas de demi-élections, en particulier s’agissant de la présidentielle. Autrement dit, elles ne se contenteront pas de la non candidature de Joseph Kabila. Le scrutin qui s’en suivra devra être organisé dans des conditions satisfaisantes. Ce qui est encore loin d’être le cas compte tenu de l’absence de décrispation politique, l’insistance du pouvoir à imposer des machines à voter (pour les moins suspectes) et un fichier électoral vicié à plus de 25 % selon l’OIF.
« Que Joseph Kabila ne se présente pas à l’élection présidentielle en RDC est nécessaire. Mais c’est insuffisant car le scrutin devra également être inclusif et crédible », indique un sénateur américain, proche du président Donald Trump.
Des propos qui font écho à ceux du Département d’Etat, le ministère des Affaires étrangères américain. « Personne, pas plus les Etats-Unis qu’aucun autre partenaire de la RDC, ne se satisfera d’une demi-élection. Que Joseph Kabila ne se représente pas, c’est impératif mais insuffisant. La qualité des élections qui seront organisées est tout aussi importante. Celles-ci devront être à la fois inclusives, crédibles et transparentes », précise un responsable du Département d’Etat, qui prévient qu’ « il ne faudra donc pas crier victoire au soir du 8 août [la date butoir pour le dépôt des candidatures à la présidentielle devant la CENI] si le président Joseph Kabila n’a pas déposé sa candidature ou si personne ne l’a fait pour lui ».
Les diplomates américains, à l’instar de leurs homologues européens et des dirigeants de la sous-région qui suivent le dossier RD congolais, le savent en réalité parfaitement : le soir du 8 août, une bataille pourrait être remportée mais certainement pas encore la guerre…