Joseph Kabila n’a pas intérêt à voir revenir au pays celui qu’il considère comme son rival politique le plus dangereux et qu’il a contraint à l’exil en 2016. Au point que certains, au sein du FCC, plaident pour la relance des affaires judiciaires à l’encontre du dernier gouverneur du Katanga.
Kabila a la dent dure. L’ex-président n’entend pas faciliter le retour de Moïse Katumbi en RDC. Une hypothèse qui a repris du crédit il y a deux semaines suite à la décision de la Cour de cassation d’annuler le jugement de condamnation en 2017 l’opposant à trois ans de prison.
Au sein du FCC, les faucons font tout pour maintenir en exil forcé (depuis juillet 2016) celui que Joseph Kabila considère comme son seul véritable rival politique. Alors que certains de ses proches, autrefois en pointe sur le sujet, sont aujourd’hui moins allants, à l’instar d’Alexis Thambwe Mwamba, le ministre de la Justice, ou Kalev Mutond, l’ex-patron de l’ANR, Aubin Minaku, lui, en revanche, se montre offensif.
A preuve, les propos tenus par l’ex-président de l’Assemblée nationale sur RFI ce lundi 29 avril. « De toute façon, on ne le tuera jamais s’il rentre », a-t-il commencé par déclarer de façon maladroite avant de poursuivre, en cherchant manifestement à se rassurer : « Il ne faut pas esseuler une décision judiciaire. Il y a eu plusieurs procédures. S’il est totalement absout, ok. Mais s’il y a un problème, la justice fera son travail ». « D’aucuns pourraient y voir une forme de menace par rapport au dossier dit des mercenaires notamment », décrypte un avocat, spécialiste des droits de l’Homme.
Si Joseph Kabila n’a pas intérêt à voir Moïse Katumbi rentrer au pays, tel n’est en revanche pas le cas de Félix Tshisekedi. « Il en va de sa bonne image tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays », relève un ambassadeur occidental en poste à Kinshasa.
De fait, M. Tshisekedi, qui a besoin de donner des signes tangibles de rupture pour donner de la substance au concept d’alternance, est très attendu sur le dossier des prisonniers et exilés politiques. « Les Etats-Unis lui mettent la pression », confirme une source diplomatique.
Sur ce dossier comme sur d’autres, le nouveau président devra à nouveau engager le bras de fer avec son prédécesseur…